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de la séance du Reichstag, d’adresser à M. Teutsch un télégramme de remerciement pour son attitude, et de blâme pour celle de leur député[1]. Deux textes différents de protestation circulèrent ensuite dans la circonscription ; « Malgré, — disait l’une à Mgr Raess, — la vénération que nous devons à votre grand âge ; à la haute dignité ecclésiastique dont vous êtes revêtu, le souci de notre honneur et des sentimens que vous avez outrageusement blessés nous oblige… à protester… etc…[2]. » L’autre était plus violente : « Nous croyons, disait-elle, qu’après avoir rempli la France et l’Allemagne du bruit de votre défection vous jugerez à propos… de renoncer à l’honneur de nous représenter au Reichstag. Nous venons vous sommer de rendre votre siège… Recevez, monsieur le député, les civilités compatibles avec les sentimens que nous venons de vous exprimer[3]. » A Strasbourg également circulaient deux protestations : l’une et l’autre s’accordaient pour réclamer avec la même énergie la démission du député.

Le mouvement de réprobation s’étendait à l’Alsace entière : Colmar parlait de la « sénile défaillance » du prélat[4], et les catholiques de Mulhouse exprimaient leur douloureuse surprise de ce que, « parmi les députés d’Alsace, il se fût trouvé un homme… qui reniât, sans explication et sans motif, les opinions de ceux qui l’avaient élu. Et cet homme, — continuent-ils, — quel est-il, monseigneur ? C’est celui que, depuis trente ans, nous avions appris à vénérer comme le chef de notre clergé, comme notre père à tous !… Vous avez pris la parole et il vous a suffi de quelques instans pour semer la division et la tristesse dans toute l’Alsace… » A Wasselonne, la population catholique exprime sa tristesse « pour le pénible mais sacré devoir qui se pose de protester contre les paroles déplorables de Mgr Raess[5]. » De Sainte-Marie-aux-Mines, les électeurs envoient une dépêche à leur député, l’abbé Simonis, pour le/ sommer de désavouer publiquement, à la tribune, les paroles de Mgr Raess[6] ; par une autre dépêche, ils expriment à M. Teutsch leurs « remerciemens patriotiques » et leur « sympathique adhésion[7]. »

Ce n’était là encore que la manifestation pour ainsi dire

  1. Le Monde, 23-24 février. Dépêche signée Lormuller, Hurstal, Epien, Fuchs ; Temps, 24 février.
  2. Temps, 2 mars, 27 février, 4 mars, 28 février, 2 mars, 4 mars.
  3. Temps, 2 mars, 27 février, 4 mars, 28 février, 2 mars, 4 mars.
  4. Temps, 2 mars, 27 février, 4 mars, 28 février, 2 mars, 4 mars.
  5. Temps, 2 mars, 27 février, 4 mars, 28 février, 2 mars, 4 mars.
  6. Temps, 2 mars, 27 février, 4 mars, 28 février, 2 mars, 4 mars.
  7. Temps, 2 mars, 27 février, 4 mars, 28 février, 2 mars, 4 mars.