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a dit superbement M. Maurice Barrès à l’inoubliable solennité de la Sorbonne, « c’est, d’une part, le sentiment du droit et de la dignité humaine… de l’autre une volonté quasi animale de domination. »

Contre cet abominable joug, l’Alsace-Lorraine, en 1874, a protesté avec l’énergie que l’on vient de voir ; la question, depuis lors, est demeurée tragiquement posée ; la victoire des champions du droit doit la régler pour toujours.

De cœur et de pensée tous nos Alliés sont, là-dessus, unanimes : « Jusqu’à la mort, a dit dans une assemblée populaire anglaise le grand ministre Lloyd George, le 5 janvier dernier, nous voulons soutenir la démocratie française dans ses demandes de révision de la grande injustice commise en 1871… Cet ulcère a infecté pendant un demi-siècle la paix européenne. » Et, trois jours plus tard, le sincère apôtre de paix qui, si magnifiquement, mène, dans la libre Amérique, la croisade contre les puissances de proie, le président Wilson, disait à son tour, dans son message au Congrès : « Le tort fait par la Prusse à la France en 1871 en ce qui concerne l’Alsace-Lorraine, et qui a troublé la paix du monde pendant plus de cinquante ans, devra être réparé afin que la paix puisse être, encore une fois, assurée dans l’intérêt de tous. »

Chez nos ennemis même, l’empereur d’Autriche, avec de singulières restrictions mentales qui, loin d’affaiblir, renforcent au contraire la portée de l’aveu, a reconnu les imprescriptibles droits de l’Alsace-Lorraine. La délivrance des provinces martyres est proche. Mais, en même temps qu’elles, doivent être libérés tous les opprimés : la Prusse expiera tous ses crimes.


CH. GAILLY DE TAURINES.