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M’opposera-t-on que la préparation d’artillerie a été systématiquement omise dans quelques offensives continentales, — l’attaque des Anglais vers Cambrai, par exemple, — qui n’en ont pas moins été couronnées de succès ? En effet, mais alors l’assaillant bénéficiait de l’avantage de la surprise. Pour que l’expédition du 24 avril en bénéficiât aussi, il aurait fallu modifier certaines des dispositions prises ; en tout cas, évidemment, supprimer le bombardement préalable.

Nous ne disputerons pas, d’ailleurs, sur la préférence qu’il convient de donner aux coups de main de nuit sur les coups de main exécutés en plein jour. C’est essentiellement affaire de circonstances. Les chances que la surprise donne aux premiers peuvent être balancées par une plus grande difficulté d’exécution. Mais, lorsqu’il s’agit d’embouteillage, lorsqu’il s’agit d’amener exactement des navires lourdement chargés en un certain point d’une passe dont le balisage a disparu, il semble qu’il faut tout d’abord y voir clair. La production de lumière artificielle, — projecteurs électriques, magnésium, etc. — ne donne pas de suffisantes garanties.

Arrivons aux résultats de l’affaire.

Nous avons vu que le chenal d’Ostende ne paraît pas être obstrué. Celui de Zeebrugge l’est-il ? Très probablement, oui. Mais l’est-il au point qu’un sous-marin ou un torpilleur, unités de faible dimension, de faible largeur surtout, ne le puissent plus utiliser ? La question est délicate[1]. Nos amis anglais ne tarderont pas à être renseignés là-dessus.

En ce qui touche le môle, ou plutôt, le pédoncule à claire-voie de cet ouvrage d’art, il semble bien que les dommages soient, là, considérables. On parle aujourd’hui de 25 mètres de jetée complètement détruits par l’explosion d’un des deux sous-marins chargés d’explosifs violens qui ont été si bravement et si habilement conduits jusque-là[2]. Ces dommages sont-ils irréparables ? Certainement non, mais, en attendant une

  1. L’agence Wolf déclare que les torpilleurs et sous-marins usent aujourd’hui des deux ports comme ils le faisaient avant le coup de main. Mais quelle créance peut-on accorder à l’agence Wolf ?
  2. Cette partie de l’opération rappelle les tentatives fréquentes que firent les Anglais, dans nos guerres du temps passé, pour détruire Saint-Malo, le Havre, etc… avec des bâtimens bondés de poudre. Les succès furent toujours des plus médiocres. L’explosion se faisait à l’air libre, et on ne se rendait pas compte, alors, de la nécessité du bourrage.