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avaient été relevées par les Français. Le 25, le 7e corps, formant la gauche au Nord de la Somme, fut rattaché à la 3e armée, tandis que les unités au Sud de la Somme furent mises à la disposition du général Fayolle. Le 19e corps, violemment engagé ce jour-là près de Marchelepot, et réduit à de très faibles effectifs, fut ramené sur la ligne Hattencourt-Chaulnes-Ablaincourt-Deniécourt-Estrées-Asseviller-Frise. Quant au 18e corps, situé à la droite du 19e, son état-major quitta, dans cette même journée du 25, Roye où il était depuis le 23, et il vint s’établir sur l’Avre à Moreuil. Il y resta trois jours, puis s’établit encore une fois plus en arrière. Le corps resta en ligne jusqu’au 4 avril, complètement mélangé avec les Français. Les effectifs étaient si réduits, qu’il s’était fait dans les derniers temps une sorte de fusion avec le 19e corps, celui-ci dirigeant les opérations, et le 18e ne gardant que l’administration.

Nous avons laissé ce 19e corps le 25, formant une ligne qui partait de la Somme où son aile gauche était à Frise, et qui se dirigeait par Deniécourt sur Chaulnes, avec son extrémité à Hattencourt. Il était ainsi à peu près, sur l’ancienne ligne tenue par les Français soit au commencement, soit à la fin de la bataille de 1916. En fin de journée, la situation s’était encore aggravée : tandis qu’au Nord de la Somme les Allemands avaient poussé jusque devant Albert, au Sud de la rivière la 5e armée avait dû reculer jusqu’à la ligne Proyart-Rozières. Proyart était tenu par l’héroïque 39e division. Mais les troupes étaient épuisées. Il n’y avait plus de réserves à engager, et on n’en attendait pas avant quatre jours au moins.

A une dizaine de kilomètres derrière le front, il existait bien une vieille ligne de défense française tendue sur le plateau de Santerre, entre la Somme au Nord et la Luce au Sud. Elle barrait la Somme sur la rive Nord à Sailly-le-Sec, sur la rive Sud à l’Est de Hamel. De là elle continuait vers le Sud en coupant la chaussée de Vermand à l’Ouest de Warfusée ; puis, passant à l’Est de Marcelcave, elle venait barrer la vallée de la Luce à Aubercourt (rive Nord) et à l’Est de Demuin (rive Sud). Cette ligne, Sailly-le-Sec-Demuin, avait été, depuis l’avance de 1917, en grande partie détruite pour les besoins de l’agriculture. Un bataillon des Canadian Railways Engineers avait été chargé de la restaurer. Mais il n’y avait pas d’hommes pour la tenir ; et pourtant son abandon compromettait