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village, sur des pentes montantes, le parc du château ; un peu à gauche (Est), se dresse un monticule, éperon détaché des collines dont la masse est plus au Sud ; ce monticule, au sommet duquel on exploite le calcaire à ciel ouvert, c’est le Plémont. Sur ce front Plessis-Plémont, tenu par une seule division française qui se battait depuis huit jours, l’ennemi avait massé trois divisions, dont une, la 7e de réserve, toute fraîche, entraînée depuis la mi-janvier et arrivée à Saint-Quentin le 14 mars, avait relevé la nuit précédente le 1re division bavaroise. Après un bombardement d’une demi-heure seulement, mais violent, à sept heures trente du matin, l’ennemi sortit de Lassigny par vagues de deux compagnies accolées, les mitrailleuses légères en tête, tirant sans arrêt, l’infanterie suivant par bonds. Au Plessis, ils arrivèrent jusque dans le parc, de Plémont, presque jusqu’au sommet, lis atteignirent même ce sommet, mais en furent bousculés par un chef de bataillon, qui, s’élançant de son poste de commandement, situé à 100 mètres plus loin, avec ses hommes de liaison, les seuls qu’il eût sous la main, tua un Allemand et fit reculer le reste. De plus, les défenseurs du Plémont pouvaient être pris à revers par les Allemands débouchant du parc de Plessis. Il fallait donc reprendre immédiatement ce parc. L’artillerie pendant une heure mit un barrage sur les voies par où les réserves pouvaient venir de Lassigny ; elle mit un autre barrage, mobile et ramené comme par un coup de râteau, sur le parc de Plessis. L’infanterie donna à son tour, et en une demi-heure tourna le parc par le Nord. Plessis et le Plémont furent repris. L’ennemi, qui avait compté sur une avance d’une douzaine de kilomètres, était arrêté net. A l’aile gauche, au Sud immédiat de Montdidier, le Mouchet et Agencourt sont repris par les Français. Huit cents prisonniers restent entre leurs mains.

Les attaques continuèrent le 31, s’étendant principalement à la droite allemande, de Montdidier à Moreuil. La plus fameuse de toutes les divisions allemandes, la Ire de la garde, se fit massacrer à Grivesnes, et achever le lendemain.

Le 1er avril, l’ennemi était fixé sur tout le front d’Arras jusqu’à l’Oise. Il fit alors une dernière tentative. En 1870, quand Manteffel avait attaqué Amiens, il avait débordé la ville par le Sud. Les Allemands essayèrent comme dernier espoir une manœuvre analogue. Il s’agissait de conquérir le grand faîte