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générosités, de ces dévouements sublimes, de ces ennuyeux services »[1].

Après cela, F. Buloz partit pour Nohant : une explication eut lieu que suivit une réconciliation.

Le 25 décembre, George Sand écrivait :

« Je m’étonne que vous ne m’ayez pas donné de vos nouvelles en arrivant à Paris. Cependant je sais que vous êtes arrivé vivant, présentez tous mes compliments à Mme Margarita[2]. On m’a dit qu’elle s’appelait ainsi, est-ce vrai ? C’est un nom charmant que je fourrerai dans quelque roman, si elle le permet. J’ai travaillé beaucoup, et Engelwald[3]n’est guère plus avancé que vous ne l’avez laissé. J’ai refait presque tout le premier volume. Je pourrais vous l’envoyer si vous en aviez absolument besoin, mais j’aimerais mieux l’avoir entre les mains pour faire le second. Vous savez qu’avec mon peu de mémoire, il est souvent fort nécessaire que je relise chaque jour ce que j’ai fait la veille, ce qui ne m’empêche pas de répéter ou d’omettre encore…

« L’article sur M. Thiers est fort remarquable, extrêmement vrai et plein de sens[4]. J’en avais fait une partie dans ma tête, en lisant l’Histoire de Thiers ; — seulement, je ne l’aurais pas si bien dit. Qui fait ces lettres sur les hommes d’Etat ? Je ne m’en souviens plus.

« L’article de Sainte-Beuve sur M. Bayle (sic) est une des plus charmantes choses que je connaisse. Votre Revue est très belle à présent. On dit pourtant que vous allez la mettre aux pieds de M. Guizot. J’espère que c’est un cancan, et que je ne serai pas forcée de quitter si honnête et si honorable compagnie.

« Adieu, vieux. Dutheil et Planet, le Malgache et tutti quanti, même la Rozane vous disent mille amitiés. Moi je vous donne une tape, et je vous prie de m’envoyer de l’argent subito. J’ai des gens de loi plein le dos… »

On voit que les relations se sont sensiblement améliorées :

  1. Inédite.
  2. C’est ainsi que George Sand appelle alors la future Mme Buloz.
  3. Engelwald dont il sera souvent parlé dans cette correspondance n’a jamais été publié.
  4. Lettres sur les hommes d’État de la France : M. Thiers, VI, 15 décembre 1835, Loëve Weimars.