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guère, et les diplomates moins que personne. Avoir connu l’ambassadeur d’Allemagne dans ses rapports avec son gouvernement, c’est être sûr qu’il eut, par deux fois, un contentement complet.

Enfin, le 9 septembre, éclôt en Angleterre, d’où il revient aussitôt et éclate à Washington, le scandale Dumba-Archibald. On apprend que les bagages d’un journaliste américain, James Archibald, connu comme agent des Empires centraux, ayant été examinés en Angleterre, toute sa correspondance fort compromettante a été saisie. De cette correspondance entre le Cabinet de Vienne et son ministre à Washington, il ressort que l’ambassadeur autrichien, le Dr Constantin Dumba, s’est employé personnellement et de toute son activité à fomenter des grèves dans les usines de munitions du Moyen-Ouest et à « arrêter, des mois durant sinon indéfiniment, le travail de l’industrie américaine et l’exportation aux Alliés. » À cette fin, avertissements et menaces ont été adressés par le Dr Dumba aux-ouvriers natifs des provinces austro-hongroises, Bohême, Moldavie, Carniole, Galicie, Dalmatie, Croatie, Slavonie. S’ils continuaient à fournir par leur travail des munitions aux belligérants ennemis de l’Autriche, on les menace d’exil, de prison, de mort.

Dans cette conspiration se trouve encore impliqué l’attaché militaire allemand, le capitaine von Papen. L’ambassadeur d’Allemagne pourtant qui, naturellement, a tout imaginé, tout organisé, n’est point nommé.

Le lendemain, et quand l’opinion est de nouveau montée au plus haut contre l’Allemagne, Berlin, qui certes n’a pas prévu le tour que lui joue en ce moment l’Angleterre, Berlin, qui triomphait déjà du silence observé par la presse et par le public américains après le torpillage de l’Hesperian et qui voyait l’opinion américaine matée, ne peut plus ni corriger le ton ni arrêter la publication de sa réponse au sujet de l’Arabic, réponse qui a été remise, le 7, à l’ambassadeur Gérard. Dans cette réponse, avec une manifeste arrogance, l’Allemagne justifie le torpillage sans avertissement de l’Arabic par une soi-disant attaque, sinon de l’Arabic lui-même, du moins d’un autre navire anglais voisin, contre le sous-marin torpilleur. Elle ne présente aucune excuse, mais exprime légèrement quelques regrets pour les vies américaines perdues. Elle refuse toute indemnité, « même s’il y a eu erreur de la part du