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assez significative pour qui était convaincu a priori de la complicité du haut personnel bolchevik avec l’Allemagne, ces très faibles effectifs, disséminés sur des aires considérables et hors d’état de communiquer entre eux, furent, dès l’automne de 1917, l’objet des préoccupations hostiles des maximalistes et cela au moment même où, l’armistice conclu, on autorisait une mission allemande à se rendre à Arkhangelsk sous le prétexte d’y étudier les moyens de faire refleurir le plus tôt possible le commerce maritime avec les empires centraux, aussitôt faite la paix définitive.

Quant aux troupes russes, aux anciennes garnisons, il est certain qu’elles n’avaient pas, de ce côté-là plus qu’ailleurs, résisté aux procédés de dissolution rapide de la force armée nationale instaurés par le nouveau gouvernement. En tout cas, résolus en apparence à défendre le Nord extrême de la Russie contre les entreprises des « impérialismes anglais et français, » les commissaires du peuple font appel aujourd’hui à d’illusoires soviets d’Arkhangelsk et de la côte mourmane pour courir sus aux envahisseurs, après avoir mobilisé cinq classes d’ouvriers et de paysans.

Ce ne sont là que des mots. L’expédition qui commence n’aura probablement à compter qu’avec les Germano-Finlandais, — du moins tant qu’elle ne se rapprochera pas trop de la grande voie ferrée transversale Petrograd-Vologda-Viatka-Perm. Et les plus grands obstacles lui viendront sans nul doute de la nature des choses, comme nous le verrons tout à l’heure. La seconde question que je posais plus haut peut être résolue avec un peu plus de précision que la première, toutes réserves faites, c’est entendu, sur l’authenticité des renseignements qui nous parviennent de Suède, sur les mouvements de l’armée des « gardes blancs » de Finlande et du corps débarqué à Hangö par les Allemands, après l’occupation des îles Aland.

Dès la fin du printemps de cette année, un double mouvement se dessinait vers le Nord : un détachement de quelque 600 hommes mi-partie finlandais, mi-partie allemands, pompeusement qualifié d’avant-garde, — au fond, un groupe d’enfants perdus, — pointait droit sur la Rybatschii Njarga, peut-être par la piste Hütte-Songelsk, peut-être par la haute vallée du Kensi-yok finlandais, sans que l’on put affirmer