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Si nous prenons d’abord les mines de houille, elles occupaient, en chiffres ronds, 200 000 ouvriers, sur lesquels il y avait 15 000 étrangers, dont 7 000 Belges, 2 à 5 000 Polonais, venus en général de Westphalie, 2 ou 3 000 Kabyles (fort médiocres ouvriers de fond), quelques Italiens, Espagnols ou Grecs dans le Midi. Il nous manquait déjà plus de 20 000 hommes. Il en manquera au moins le double ; mais la lenteur de la reprise, retardée par les dévastations, facilitera l’opération. Si les ruines atteignent les proportions que l’on peut craindre, beaucoup de mineurs du Nord ou du Pas-de-Calais seront momentanément disponibles ; et, sans doute, ils ne se montreront pas plus satisfaits d’aller travailler dans des mines de régions nouvelles que n’ont pu l’être, en d’autres occasions, nos mineurs méridionaux transplantés aux pays septentrionaux de la brume, de la bière et du travail en couches minces ; mais ce sera néanmoins un moyen de passer la période difficile. Pour l’avenir, on doit admettre que les mineurs au charbon continueront à se recruter sur place de père en fils dans une population qui est particulièrement prolifique, qui a pu apprécier les avantages du métier et qui s’y tient. On peut, comme on l’a déjà fait, y joindre des mineurs polonais déjà formés dans les mines de Westphalie ; mais il faut très peu compter sur un appel à d’autres professions que celle de mineur.

Pour les mines de fer, l’extension rapide de nos exploitations lorraines a amené, dans ces dernières années, un besoin local de main-d’œuvre, analogue à celui que nous pouvons nous attendre à voir se généraliser. Il avait fallu plus que doubler en peu de temps cette catégorie de population ouvrière. On en était venu à bout avec plus de facilité qu’on ne l’aurait cru d’abord, en constituant une véritable colonie étrangère et surtout italienne. La région de Briey comptait, dès 1911, 49 235 étrangers, dont 26 820 Italiens, 9 302 Belges, 8 699 Allemands (Lorraine annexée comprise), 3 019 Luxembourgeois. Cette année-là, le Comité des forges et des mines de fer de Meurthe-et-Moselle créa un organe spécial de recrutement, avec l’aide duquel on atteignit, en 1912, 58 870 étrangers, dont 35 452 Italiens.

Enfin, il est une grosse industrie rattachée aux mines de fer, pour laquelle nous devons prévoir un développement intense après la guerre et qui bâtit d’avance des projets gigantesques,