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été. L’exemple de l’Allemagne prouve du reste qu’une immigration beaucoup plus forte peut aller de pair avec un accroissement considérable de population et être motivée par une grande prospérité industrielle. En 1912, l’Allemagne, qui avait déjà sur son sol 1 260 000 étrangers, a dû importer, pour l’été, de Russie et d’Autriche, 1 200 000 hommes.

L’immigration peut être individuelle ou collective, saisonnière, temporaire ou durable, agricole ou industrielle. Chacune de ces subdivisions comporte des observations distinctes.

Tout d’abord, on ne saurait envisager de même l’étranger qui s’établit sur notre sol, de sa propre initiative, en utilisant ses propres ressources, à ses risques et périls, et la troupe de Chinois qui nous est amenée à la suite d’un contrat passé avec une société ou un agent de recrutement. Au premier type sont, dans une certaine mesure, assimilables les ouvriers qui se recrutent de proche en proche par entraînement réciproque : les premiers arrivés écrivant à leurs parents ou amis qu’ils sont satisfaits de leur sort et qu’il reste des places à prendre, comme cela s’est beaucoup produit pour les Italiens de Briey.

De même, l’immigration saisonnière joue un grand rôle pour les travaux des champs ou des forêts et certains terrassements. Des Espagnols et des Italiens passent la frontière pendant la belle saison, profitant souvent de ce que la moisson est plus précoce dans leur pays pour venir ensuite offrir leurs bras à la nôtre. C’est également ce qui se produisait, sur une échelle énorme, pour les Russes et les Polonais allant travailler aux champs en Allemagne. Un tel déplacement momentané rend des services aux deux pays, puisqu’il a pour résultat un échange de force inutilisée contre de l’argent et il ne nécessite que la surveillance habituelle à la frontière. Les conditions sont autres quand l’immigration prend un caractère plus durable, comme cela se produit nécessairement, si elle a un but industriel, ou une origine lointaine. C’est un des points que l’on doit envisager tout particulièrement pour choisir entre les divers pays d’émigration, l’intérêt de notre industrie étant de stabiliser une main-d’œuvre bien choisie.

En principe, beaucoup d’étrangers, et surtout d’exotiques, vont seulement au dehors pour gagner une certaine somme fixée dans leur esprit et rentrent chez eux dès qu’ils l’ont atteinte. Plus les besoins sont restreints, comme cela arrive