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Ces menaces d’un nouveau bombardement n’ont pas été vaines : la Cathédrale a reçu, dans les semaines qui suivirent, dix-sept obus repérés, dont quelques-uns ont fait des ravages considérables, celui entre autres qui a descellé la haute galerie du chevet, sur une longueur de 8 mètres, avec une brèche de 4 mètres, celui qui a crevé une voûte, etc.

Et cela continue. Les communiqués alternent avec les bombes.

Il semblerait, tant ils s’essoufflent autour de ce poste d’observation, que tout le nœud de l’affaire soit là et que, si l’armée française n’en avait pas fait une citadelle, jamais l’idée ne leur serait venue de détruire la cathédrale de Reims. C’est nous qui les y avons forcés !

Mais alors, pourquoi ont-ils bombardé et détruit la cathédrale de Soissons ? Car enfin, à Soissons, il n’y eut rien de ce qu’ils reprochent à Reims[1], et ils n’ont même pas essayé de le faire croire, si ce n’est sur le tard. Ils n’ont cherché ni excuse ni prétexte.

Et le 12 octobre, était-ce aussi pour supprimer un poste d’observation, qu’ils ont tenté de mettre à mal Notre-Dame de Paris ?

Sur la fin de novembre, les journaux d’Outre-Rhin ont publié une note explicative, avec un plan, pour établir qu’en définitive, c’est nous autres Français qui sommes responsables : 1o parce que la position malencontreuse de deux batteries mettait la Cathédrale dans la ligne de tir du fort de Nogent et que ce n’est pas la faute des artilleurs, « si quelques-uns de leurs obus se sont égarés. C’eût été bien pis, si leur tir n’était pas merveilleusement précis ; » 2o parce que « les aéroplanes ont découvert, non seulement le poste d’observation, mais, de plus, un parc à munitions sur le parvis. »

Ils ne l’avaient pas aperçu, encore, ce parc à munitions, aussi fantomatique que les gros canons devant le portail !

Chez nous donc, ils disent que c’est notre faute. Chez eux, n’avaient-ils pas essayé de faire croire que c’était notre ouvrage ?

La Gazette de Lausanne, du 30 septembre, rapporte qu’un de ses correspondants passant à Berlin, le 23 septembre, « a vu,

  1. J’en ai reçu l’assurance la plus formelle, par écrit, le 4 mars 1915, de Mgr Péchenard, évêque de Soissons, et le 2 octobre 1916 de M. Laudais, archiprêtre de la cathédrale.