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monter sur les combles, où des travaux urgents de préservation auraient dû être faits, l’État s’est résigné à voir le désastre s’aggraver par la pluie, le vent, le gel, en laissant les voûtes à nu pendant quatre hivers, précisément pour ne pas fournir à la mauvaise foi des Allemands, l’ombre même d’un prétexte et les obliger à mentir encore, et à mentir sans cesse, en disant ce qu’ils s’obstinent à dire.


IV

Il est un document officiel, le fameux « Rapport du Ministère de la Guerre[1] » publié à Berlin en 1915, que son origine et son caractère ne permettent pas de négliger.

L’erreur y foisonne.

Il reprend à son compte toutes ces histoires : parc d’artillerie (p. 6), batteries lourdes en pleine ville (p. 15) ; en arrière, à droite de la Cathédrale (p. 8) ; sur la Place qui l’avoisine (p. 7) ; dans ses entours immédiats (p. 6, 9, 16) ; rassemblement d’infanterie sur le Parvis (p. 14) ; projecteur sur les tours, le 13 septembre (p. 5), et encore après l’incendie (p. 19) ; signaux avec des pavillons, le 19 (p. 14, 15, 18)[2] ; enfin et toujours un poste d’observation militaire, le 18 et le 19, sur la tour Nord (p. 6, 7, 12, 14, 18).

Ces mensonges ne s’additionnent pas ; ils s’étouffent et se neutralisent : il y en a trop. Et ce n’est pas cette réédition des communiqués de 1914 que je songe à relever ici ; mais certaines affirmations, certaines réflexions en face desquelles, à la lecture, l’esprit effaré sursaute.

Je n’en retiendrai que trois.


I. Ils déclarent donc « qu’il était expressément défendu de bombarder la Cathédrale (p. 8), — que le 19 septembre, un seul coup de mortier fut tiré sur l’édifice, à 12 h. 20 (7, 14, 18)[3], — que c’est

  1. Kriegsministerium. Die Besckiessung der Kathedrale von Reims, Berlin 1915.
  2. Ni le samedi 19, ni la veille, il n’y eut sur la tour aucune agitation de pavillons. Le jeudi matin, nous avions dû y arborer les drapeaux de la Croix-Rouge, opération qui implique nécessairement des mouvements qu’ils ont pu observer Mais ces mouvements n’étaient pas des signaux. Ils n’en avaient pas l’air. Un enfant n’aurait pu s’y méprendre. D’ailleurs, à cette date du 17, ils n’en parlent pas.
  3. La Cathédrale, qui avait été atteinte treize fois la veille et trois fois l’avant-veille, a reçu pour le moins, le samedi 19, 25 obus.