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toutes garanties sur ce sujet capital doit être la préface de toute intervention des Alliés.

Les éléments de désordre ne manquent pas en Ukraine et il s’agit de les refouler ; mais, en revanche, les éléments d’ordre ne manquent pas dans tout le reste de la Russie et il s’agit de les aider. En Sibérie, le gouvernement patriote et démocratique d’Omsk étend son autorité sur toute l’Asie russe, excepté le Turkestan ; il a éprouvé récemment le besoin, pour mieux conduire la lutte, de centraliser les pouvoirs entre les mains de l’amiral Koltchak, qui exerce une sorte de dictature. Il cherche, en ce moment, à organiser une armée russe pour renforcer et remplacer les troupes tchéco-slovaques. Celles-ci sont, on le sait, composées de prisonniers de guerre qui ont donné, en sachant se grouper, s’unir, s’armer et se battre, un exemple admirable de volonté et d’énergie : mais ces soldats sont fatigués et, aujourd’hui que les hostilités sont terminées et leur pairie affranchie, ils éprouvent le légitime désir de revoir leur clocher et leur famille ; mal outillés, mal ravitaillés, ils ont dû, en ces derniers mois, abandonner Samara, où ils surveillaient la navigation de la Volga et le chemin de fer du Turkestan, et reculer sur Oufa et les montagnes de l’Oural. Sur la Mer Blanche et l’Océan glacial, des détachements alliés suffisants occupent, sous les ordres d’un général britannique, les issues septentrionales de la Russie. En Sibérie, il serait à souhaiter que les Japonais qui n’ont pas, jusqu’ici, paru disposés à s’avancer plus loin qu’Irkoutsk, joignissent leurs forces à celles du gouvernement d’Omsk et des Alliés et s’avançassent jusqu’à la Volga où ils pourraient tendre la main aux troupes russes groupées dans la région de la mer d’Azof pour fermer aux bolcheviks les routes du Turkestan, de la Caspienne et du Caucase. Ils rendraient par là un service signalé à la civilisation, à leurs alliés et à eux-mêmes.

Le général Denikine, succédant au général Alexeief récemment décédé, groupe autour d’Iékatérinodar, entre le Caucase et le cours inférieur du Don, des forces russes antibolcheviques qui se montent à une centaine de mille hommes et qui sont en liaison avec celles que l’hetman Krasnof commande dans la région de Novotcherkask (sur le Don, en amont de Rostov). Le Caucase échappe aux bolcheviks. Les Anglais ont réoccupé Bakou et viennent d’arriver à Batoum. La République géorgienne,