Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 49.djvu/474

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

femmes qui, même dans le premier feu électoral, n’auraient pas déployé une extrême ardeur, comme on pouvait le supposer en constatant qu’à part la comtesse Markievicz, la » comtesse Verte, » la druidesse du Sinn-Fein, en Irlande, aucune d’elles n’a été élue ? (Mais il faudrait d’abord prouver que les femmes auraient voté de préférence pour des femmes, et c’est une démonstration que nous laissons à de plus experts en psychologie féminine.) Est-ce enfin un trop grand changement dans les habitudes ? Jadis les élections anglaises se faisaient lentement, et comme se diluaient, à différentes dates, en différents lieux, ce qui permettait aux multi-propriétaires d’aller et venir voter successivement dans les divers collèges où ils avaient des intérêts : ils n’étaient pas accoutumés à cette manifestation massive de l’opinion publique, dans tout le royaume, à la même heure. Ou bien, d’autre part, est-ce l’espèce de « respect humain » de gens inhabiles ou peu hardis à faire un geste qu’ils n’avaient pas appris plus jeunes ? A quoi s’ajouterait cet effet général de détente, de dépression, d’abandon passif et indifférent, qui succéda naturellement à de trop longues périodes d’un trop dur effort. Quoi qu’il en soit, le fait est que 49 p. 100 seulement des électeurs inscrits se sont présentés aux urnes : ainsi s’est maintenue la tradition qui n’a, en tout pays et en tout temps, reçu que de très rares démentis ; à savoir que les Chambres, sauf des exceptions que l’on compterait sur les doigts, ne représentent à l’ordinaire, sous le régime du suffrage universel comme sous celui du su tirage restreint, qu’une minorité, non pas du peuple entier, ce qui va de soi, mais du corps électoral même.

Cette faible moitié, ces 49 pour 100 des électeurs inscrits, envoient à la Chambre des communes, en tout, 707 députés. De ce total de 707 sièges, les partis qui se sont ralliés à l’appel de M. Lloyd George et qui, autour de sa personne, ont noué la coalition, occuperont à peu près les deux tiers, soit 471 : l’opposition n’aura 235, mais il est probable qu’ils ne seront pas tous occupés, les 70 Sinn-Feiners élus dédaignant de paraître à Westminster. Le noyau de la coalition gouvernementale, d’un volume et d’un poids considérables, est formé par les « unionistes, c’est-à-dire par des hommes que leurs souvenirs, à défaut de leurs tendances, rattachent à l’ancien parti conservateur ; entre eux et leurs voisins de groupement le néo-torysme a fait le pont : sur 471 membres de la coalition ministérielle, ils sont 334, 127 libéraux, la fraction du parti qui avait suivi M. Lloyd George, lorsqu’il s’était séparé de M. Asquith, et 100 travaillistes, de ceux qui n’ont jamais composé avec les nécessités militaires