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D’un côté les brusques fumées
Et les secousses violentes
Dont s’enveloppent les armées,
De l’autre, les vapeurs silencieuses, lentes,
Qui s’élèvent le soir de l’habitacle humain-

Mais, à l’aube du lendemain,
La flamme mordait la verdure.
Le village en bordure
De l’effroyable ourlet
A son tour s’écroulait.

Et plus loin en arrière,
Les villes, l’âme émue à ces sourds craquements,
A la hâte envoyaient vers la grande barrière
D’autres canons encore et d’autres régiments.



Les hommes les plus beaux que la bataille appelle
Montaient dans les wagons en se donnant les mains
Tandis que, raidissant leurs doigts gourds sur leur pelle,
Les plus vieux réparaient l’usure des chemins.

Dans l’espace aucun refuge,
Dans le temps aucune trêve,
Des haltes sous un déluge
Et des marches dans un rêve.

Et toujours le bruit du quart
Qui tinte contre la crosse,
Et, précieux, tiède, atroce,
Du rouge sur un brancard-



Les enfants quittaient le collège
Pour coiffer le casque et s’asseoir
Sur des bancs de boue et de neige,
Et l’abri ressemblait à l’étude du soir.