dépêche que recevait de Metternich, en 1831, son représentant auprès de Grégoire XVI :
Plus les intentions de l’Empereur à l’égard du gouvernement pontifical sont bienveillantes, sincères et décidées, plus nous avons le droit de nous faire écouter à Rome sur des mesures pour lesquelles on compte sur notre concours, et qui touchent à des intérêts de la nature la plus délicate et de la portée la plus étendue[1].
Metternich exigeait beaucoup. On ne le sentait qu’à demi content, en 1832, de l’encyclique Mirari vos : il aurait voulu « une condamnation plus directe de Lamennais, qu’il appelait un radical politique, et une consécration authentique et formelle des principes de la légitimité[2]. » Grégoire XVI, pour lui complaire pleinement, aurait dû modeler la théologie romaine à l’image de la philosophie politique de la Sainte Alliance.
Les débuts de Pie IX réservaient au chancelier de Vienne de bien autres déceptions. « Pas de concessions ! criait-il au Pape : vous n’en avez pas le droit ; cela ne vous conduirait qu’à une diminution des droits de l’autorité souveraine. » Et voici qu’il apprenait que Pie IX, comme le dira plus tard Lacordaire, « ressuscitait du tombeau de Paul IV, après trois cents ans, les étincelles ensevelies de la liberté italienne, et rallumait d’un bout à l’autre de la péninsule l’espérance et l’ardeur. » Un Pape, donc, » faisait du libéralisme ! » Avec rage, Metternich répétait ce mot. « Le Pape et tout ce qui l’entoure, gémissait-il, est aux ordres de la faction. C’est l’élément démocratique qui se fait jour et qui proclame Pie IX comme son génie… Les holocaustes à Pie IX sont une mode qui passera comme toutes les modes. L’enthousiasme du jour salit tout ce qu’il touche, à commencer par le nom qu’il a pris comme drapeau et enseigne[3]. »
La Révolution italienne, — pour reprendre un autre mot de Lacordaire, — devait » ne plus vouloir, bientôt, de ce Washington que la Providence avait donné à l’Italie. » Alors l’habile Autriche, exploitant cette tragique répudiation, allait persister quelque temps encore, — c’est toujours Lacordaire qui parle, — à « peser sur l’Italie d’un poids injuste et oppressif, et à peser,