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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/526

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et des autres États ne viennent sous la plume des rédacteurs et, même, quand il s’agit d’un objet intéressant tel ou tel de ces États particuliers, on passe son nom et ses droits sous silence. Ce qui est plus extraordinaire encore, la crainte de porter atteinte à la doctrine d’une Allemagne unie et centralisée est telle, que le nom de la Prusse lui-même n’apparaît pour ainsi dire pas dans l’énorme volume.

Parmi les États particuliers ceux qui avaient une armée, ceux mêmes qui avaient une diplomatie, n’ont pas figuré dans la conclusion d’une guerre qu’ils ont faite, dans la tractation d’une paix où leurs intérêts propres sont engagés. On ne les voit nulle part, ni dans la délibération ni dans le protocole. Aucun d’entre eux n’a eu voix au chapitre ; aucun d’entre eux n’a eu la liberté de prendre contact avec les Puissances alliées ou associées, ni d’être, par celles-ci, sous une forme quelconque, directement consulté.


L’État allemand « séculaire » et l’unité bismarckienne. — Ce phénomène diplomatique est tellement extraordinaire qu’il est nécessaire d’y insister.

La délégation allemande, présidée par le comte de Brockdorff-Rantzau, qui a eu pour mission de défendre, à Versailles, la cause de l’Allemagne, a immédiatement saisi la portée de l’avantage qui lui était pour ainsi dire, offert, et c’est en s’appuyant sur ce « principe » qu’elle a édifié toute son argumentation juridique. On peut dire que cette réclamation d’une Allemagne unie et intangible devient le « leit-motiv » de sa longue plainte.

Sous le rapport territorial, le projet des Puissances alliées est contraire au droit et aux principes, parce qu’il exige « l’annexion de territoires purement allemands et conduit ainsi à l’étouffement de ce qui constitue la nationalité allemande. »

En s’appuyant sur les mêmes « principes, » la délégation exige que l’Allemagne « ne soit diminuée d’aucun territoire dont il est incontestablement démontré qu’il fait partie du patrimoine national depuis des siècles. » Le plaidoyer pour la « plus vieille Allemagne » conclut, par exemple, qu’on ne peut réclamer la séparation de territoires comme la Haute-Silésie qui, DEPUIS 1163, appartient à l’État allemand ; comme le