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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/947

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des obus enterrés trop profondément pour être dangereux, ce qui entraînerait des fouilles inutiles.

On compte qu’il faut environ trois heures à peine par appareil pour explorer complètement un hectare.

Pour en revenir aux écouteurs souterrains ne comportant aucun dispositif électrique, on en a réalisé de toutes sortes. On les range sous le nom générique de « géophones, » qui est le pendant d’ « hydrophones. » Il ne faut pas médire de ces néologismes cursifs, commodes et pittoresques que la guerre a introduits dans la langue. Ils y resteront d’abord parce que, comme nous allons voir, la paix leur réserve de nouvelles utilités : ils y resteront surtout parce que ces mots nouveaux correspondaient à des choses nouvelles, et qu’ils ne peuvent pas plus être expulsés de la langue où ils ont conquis droit de cité, que ne pourrait par exemple, la locomotive, bien qu’on n’en trouve pas trace dans Voltaire.

Les géophones, — ces appareils à ausculter la terre, ces stéthoscopes du sol, si j’ose ainsi parler, — sont très nombreux et reposent sur des principes très divers. Mais ils utilisent tous la propriété que la terre comme tous les milieux liquides et solides de transmettre le son, et d’une manière générale toutes les vibrations, avec beaucoup plus d’intensité que l’air.

Les principaux géophones reposent à peu près sur la même conception que les sismographes, instruments qui enregistrent comme on sait, les tremblements de terre même faibles et éloignés. Autrement dit, les géophones enregistrent toutes les vibrations mécaniques, c’est-à-dire ont une zone d’action bien plus étendue que les microphones, puisque ceux-ci ne sont sensibles qu’aux sons et qu’un petit nombre seulement des vibrations mécaniques se traduisent en sons.

Ainsi que chacun sait, les sismographes comportent comme organe essentiel une masse assez lourde suspendue légèrement et qui, en vertu de son inertie, reste pratiquement immobile, lorsque le sol voisin est perturbé par un tremblement de terre. C’est même cette inertie qui fait que les maisons ne suivent pas les mouvements du sol et se disloquent lorsqu’arrive un séisme. Ayant donc un point en mouvement (le sol) et un point stationnaire(la masse suspendue), le sismologiste peut connaître, au moyen d’une plume solidaire de la masse et qui se déplace sur un cylindre enregistreur solidaire du sol, la durée et l’amplitude des vibrations terrestres.

Le géophone fait de même. Imaginons par exemple un réservoir plein d’eau ou de mercure, placé sur le sol et dont une paroi est