Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 53.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

international soit prévu pour les Lieux saints et que les droits de la France y soient nettement respectés. L’Angleterre aura à résoudre là le problème du Sionisme. La France conteste encore moins à sa voisine les bassins du Tigre et de l’Euphrate, y compris Mossoul que la convention de 1916 réservait à notre influence : c’est un magnifique domaine, une Egypte dix fois plus grande que celle du Nil, mais qui a besoin, pour retrouver sa prospérité antique, de l’effort persévérant d’une grande puissance organisatrice.

Mais la France n’admettrait pas qu’on lui contestât le mandat pour une Syrie largement délimitée, englobant Damas, le Hauran et Palmyre, dépassant l’Euphrate au Nord-Est, pour comprendre Ourfa et les puits de pétrole de cette région.. Alexandrette est le port naturel d’Alep et ne peut en être séparé, non plus que la partie orientale de la basse Cilicie, la partie haute ainsi qu’un débouché sur le golfe d’Alexandrette faisant partie de l’Arménie.

Dans ces limites, la Syrie de l’avenir nous apparaît comme une marqueterie de petits États, de cantons au sens où l’on entend le mot en Suisse, où chaque petite unité ethnique ou religieuse conservera son caractère propre et se développera selon ses traditions politiques et sociales, mais fera partie d’une fédération syrienne à laquelle la France, mandataire de la Société des Nations, prêtera le concours de ses techniciens, de ses administrateurs, de ses professeurs, de ses officiers. Cette terre du Levant est déjà si imprégnée de culture française, elle a donné tant et de si touchantes preuves de son attachement à la France, qui va de pair avec son amour de l’indépendance, que l’on ne peut qu’augurer favorablement de l’avenir de l’influence civilisatrice de la France en Syrie, en même temps que des brillantes destinées de la Syrie libre.

Ainsi survivra sinon la lettre, du moins l’esprit de la Convention de 1916,dont l’un des grands avantages était de constituer une véritable alliance Franco-britannique pour la bonne administration et la mise en valeur des pays du Levant ; cette collaboration est nécessaire à tous les points de vue, aussi bien dans l’intérêt des peuples indigènes que pour l’avantage des deux grands pays et le maintien de la paix universelle.

La Grande Guerre a détruit pour jamais cette force malfaisante d’unification, de centralisation et d’oppression qui s’appelait