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Nimbe d’or lumineux votre tête d’ivoire,
Mais vous pleurez, hélas ! et les nymphes des bois
Écoutent le plaintif appel de votre voix :
« Que ne suis-je, ô Daphnis, ta chevelure noire
« Pour couvrir ton épaule et parfumer ton corps,
« La flûte qui reçoit du baiser de ta bouche
« Une haleine chantante en de touchants accords,
« Et la paille menue où ta beauté se couche,
« Que ne suis-je, Daphnis, le fruit mûr que tu mords ? »


MIDI ATTIQUE


Néère offre à Palès une amphore de vin.
« Prends, dit-elle, Midi ne brûle pas en vain,
Et ma boisson pour tes lèvres sera plus fraîche
Que la chair de la figue ou le jus de la pêche. »
L’éphèbe nonchalant qui daigne s’apaiser
Goûte au vin de Néère et demande un baiser.
Néère de nouveau lui tend l’amphore pleine :
« Les ruisseaux sont taris, le jour n’a plus d’haleine,
Mon Bien-Aimé, voici le breuvage des dieux,
Bois à même. » Il refuse alors, ferme les yeux :
« Va-t’en, je n’ai plus soif. » Soumise, bien que lasse,
Néère aux seins puissants sur son épaule place
L’amphore et, vers les monts où chante la forêt,
En un balancement s’éloigne et disparaît.
Le jour brûle. Paies entr’ouvre la paupière,
Il étire ses bras transparents de lumière,
Et mûrit, dans la plus exquise volupté,
Le fruit brun de son corps au soleil de l’été.


L’INVITATION


Naïs, sur l’herbe molle où reposent nos chèvres,
Je presserai des fruits odorants pour tes lèvres,
Et toi, tu mêleras, en gestes lents et doux,
Ta chevelure blonde à mes longs cheveux roux.