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le préfet de Police ; ils me paraissent importants, mais on le calomnie lorsqu’on dit qu’il attaque le Sénat. Il n’y a pas dans ce qu’il m’a envoyé un mot qui compromette un seul sénateur. Votre devoir est de soutenir le préfet de Police et de ne pas le désavouer en accréditant de fausses rumeurs contre ce magistrat. » Ainsi un simple blâme et combien faible ! En revanche, l’irrégularité des changements autorise la suspension des séances...

Avec Cambacérès, comme s’il avait peur de Fouché, — et cela est bien possible, — l’Empereur a été plus formel, et il a laissé mieux voir des soupçons qui s’accentuent chaque jour, Il lui a écrit : « On ne peut être plus mécontent que je ne le suis de ce ministre de la Police, qui laisse échapper sa haine contre le préfet de Police, au lieu de le soutenir, de l’encourager et de le diriger. Le ministre cherche à jeter du blâme sur le préfet de Police, en disant qu’il jette de la défaveur sur le Sénat. Il n’y a pas un mot contre le Sénat dans tout ce que m’a envoyé le préfet de Police. Parlez de ma part à Pelet et à Real. Je désire que vous souteniez dans toutes les circonstances le sieur Dubois et que vous lui donniez des témoignages d’estime. Prévenez bien ses ennemis et ses détracteurs que je lui en donnerai moi-même des preuves d’autant plus éclatantes qu’on voudra plus déprécier son zèle. Je juge par ma raison et par mon jugement, et non sur l’opinion des autres.

« Il est certain que, depuis l’an VIII, le parti anarchiste n’a cessé de tramer en France une conspiration sourde. J’ai constamment pardonné. Il faut faire aujourd’hui un exemple qui coupe court à toutes ses machinations.

« Vous qui êtes légiste, pourquoi n’avez-vous pas observé au ministre de la Police qu’il n’avait pas le droit de créer une nouvelle machine ? Il devait consulter les conseillers d’Etat réunis, et non prendre un arrêté pour la création d’un conseil de police. Les conseillers d’Etat, qui connaissent les formes, eussent dû se refuser à ces fonctions, puisque cette nouvelle machine ne pouvait être créée que par mon autorisation. »

Cambacérès, si prudent, a-t-il interprété trop fortement la pensée de l’Empereur, ou Fouché ayant vu les choses mal tourner pour Jacquemont, s’est-il réservé l’innocentement final ? Après avoir institué le Conseil de Police auquel il a remis le soin d’examiner le cas des conspirateurs, soustraits ainsi à