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Ailleurs, il faut prendre garde que la couche arable est souvent mince ; une charrue qui creuserait trop bas gratterait littéralement dans le roc ; la terre n’est pas encore transformée par des façons séculaires, il convient donc de la traiter avec les ménagements, ainsi que l’on fait une éducation d’adolescent. Mais d’ores et déjà, nous avons beaucoup mieux que des promesses : dès que les communications maritimes ont librement repris, la seule Algérie, pendant le premier trimestre de 1919, exportait pour 80 millions de francs de grains.

Nous avons vu arriver de même par wagons entiers des figues sèches apportées de toutes les rives orientales et méridionales de la Méditerranée ; notre Afrique du Nord a eu sa part très large dans ces envois. La figue est un des aliments essentiels de nos Kabyles, race extrêmement vigoureuse ; chez nous, elle est consommée directement, ou bien, réduite en poudre, donne un succédané populaire du café ; les prix actuellement pratiqués encouragent les producteurs à récolter et surtout à conserver les fruits avec plus de soin. Suivant la courbe observée antérieurement pour l’olivier, on prévoit une culture de plus en plus industrielle du figuier, arbre peu exigeant, qui était resté jusqu’ici un appoint des exploitations familiales indigènes. De même l’Afrique du Nord a beaucoup développé ses cultures maraîchères, peu à peu substituées à celles qu’un jardinage minutieux concentrait naguère autour de nos grandes villes. Contrairement à ce que l’on croit parfois, toutes les zones littorales de notre Afrique ne sont pas favorables aux primeurs ; nais nous en avons des réserves assez vastes, — Cap Bon, Philippeville, Sahels d’Alger et d’Oran, environs de Tanger et de Mogador, — pour satisfaire à toutes les demandes métropolitaines et même à de puissantes exportations pour l’étranger. Dans un autre ordre d’idées, nos fumeurs n’apprendront pas sans plaisir que la Régie fait maintenant des commandes considérables de cigarettes algériennes et tunisiennes.

Nos viticulteurs de France, habitués aux prix de guerre, n’envisagent pas de très bonne humeur l’afflux possible des récoltes africaines ; ils se rassureraient peut-être, à l’inverse des consommateurs, s’ils observaient que l’expédition algériennes de 73 millions de francs de vins, pendant les trois premiers mois de 1919, n’a pas beaucoup atteint les cours. La clientèle du vin, pendant la guerre, a formidablement grossi