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prisons qui se trouvait dans la première pièce du greffe : « Que fait ici ce B... de Capucin ? F... le au cachot ! Néanmoins, tous les agents de la police doivent être arrêtés ! » Et puis, sur un colloque avec la femme du concierge, Mme Bault, il ordonna avec les mêmes violences de langage, de mettre en liberté le nommé David. Sortant de la Force, il pensa qu’au liquide il convient d’ajouter le solide, puis il alla voir ses amis Paban, et comme l’affaire tournait mal, il se terra dans un petit logement rue des Prêtres-Saint-Paul, n° 17, loué pour l’y recevoir par la femme Richard.

Boccheiampe, que Lahorie a amené lui-même place de Grève en vue de l’installer comme préfet de la Seine, s’ennuya à contempler le monument, et prit un fiacre. Muni de la permission qu’il s’était fait signer par Lahorie, il se rendit à la Force, proposa à quelques prisonniers de les mettre en liberté et s’étonna de leur refus ; alors, il remonta dans son fiacre, et s’en alla rue des Jeûneurs, n° 16, chez la demoiselle Simonet, âgée de vingt-sept ans, ouvrière en corsets, actuellement sans ouvrage, qu’il employait à faire des courses extérieures et des sollicitations chez divers Corses influents. Après quoi, il remonta en fiacre, et s’en vint place Vendôme, où il apprit que tout était perdu. Sans doute alla-t-il rejoindre Guidal chez la dame Paban dont le mari, se disant ancien négociant à Marseille, était ami intime de Tallien. « Guidal et Boccbeiampe, dit Savary, furent pris à huit heures du soir, dans une maison où ils s’étaient cachés. »

Au moment où Doucet et Laborde, ayant saisi Malet, l’avaient terrassé et avaient appelé à l’aide les dragons d’ordonnance. Rateau qui était venu joindre son général, se sauva, jetant le portefeuille qu’il portait dans un coin obscur du vestibule. Arrivé place du Louvre, il monta dans le fiacre n° 678. conduit par le cocher Georges, et donna ordre de le conduire cul-de-sac Saint-Pierre, près la rue Saint-Gilles. Dans la voiture, il se déshabilla complètement, fit un paquet de ses vêtements, les renferma dans son mouchoir, et entra en chemise, dit le cocher, dans la première maison en venant de la rue des Douze-Portes. Il monta en toute hâte chez Caamano, se rhabilla en caporal et partit en coup de vent, laissant là son uniforme d’aide de camp, son chapeau et ses armes. Espérant qu’il aurait passé inaperçu, il rentra à la caserne : mais il avait