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enfin de se créer un cadre plus souple que celui de nos vieilles Facultés, dont les chaires, les attributions, les programmes sont trop étroitement délimités. Aussi s’est-il aperçu que ce mode d’organisation, l’Institut, si parfaitement efficace dans l’ordre d’application pratique pouvait l’être également dans les essais de création de la science pure.

L’Institut universitaire de recherches, tel que le conçoivent les meilleurs esprits et tel qu’il commence d’exister, n’est nullement comparable à nos grandes maisons nationales de recherches, Collège de France et Muséum d’Histoire naturelle, qui embrassent, l’un, l’universalité et l’autre tout un ensemble de sciences et qui constituent, avec leurs chaires réputées et leurs précieuses collections, les véritables conservatoires des grandes traditions intellectuelles françaises. C’est un organe plus simple, spécialisé dans un ordre d’investigations. De même ne ressemble-t-il que de loin à ces Instituts allemands, « type Empereur Guillaume, » fondés sous les auspices d’un potentat, avec les libéralités qu’il recueillait, déliés de toute attache universitaire, dégagés de toute tâche d’enseignement, et qui poursuivent un but unique, tantôt l’étude et la guérison de la tuberculose, tantôt l’étude et la guérison du cancer. Ces fondations d’Outre-Rhin paraissent inspirées de notre Institut Pasteur. Nos Instituts universitaires rappellent plutôt ceux qu’ont créés récemment quelques grandes universités américaines, regorgeant de ressources et d’une activité qui déborde les cadres vieillots des Facultés. Au reste, ils sont d’origine bien française, puisqu’ils ne sont qu’une forme plus récente des instituts créés dès 1890 dans nos universités de province (comme on l’a vu plus haut) en vue des applications de la science à l’industrie.

Si ces Instituts techniques ont dû leur brillante fortune à leur mission utilitaire, ils n’ont pas négligé les investigations purement scientifiques. Et l’idée devait surgir de consacrer des établissements semblables à la science pure. En effet, que telle ou telle science ne comporte pas d’application immédiate, est-ce une raison pour négliger d’organiser au mieux les recherches propres à la faire progresser ? L’inconvénient de l’Institut de recherche, c’est qu’étant consacré à une activité désintéressée, il attire moindrement les jeunes gens et les industriels. Il a peu d’élèves et peu de donateurs. C’est la