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même, on reconnaît son origine. Bourgeois de Paris, et de bonne souche parisienne, encore un titre de M. Hallays, et non le moins flatteur, si l’on songe que dans « bourgeois » il y a citoyen et qu’un certificat de bourgeoisie en vaut un de civisme. Nous l’allons montrer tout à l’heure.

Ce Parisien de naissance, d’esprit et d’éducation, a choisi de vivre en éternel voyageur, mais le plus volontiers sur la terre et sous le ciel de chez nous. Sa curiosité a pu se prêter un moment à certaine Allemagne, — naguère, — et son amour est demeuré fidèle à toute l’Italie. Sa piété nationale, de plus en plus fervente, a constamment ramené l’infatigable « compagnon du tour de France, » non pas seulement autour, mais au cœur même de notre pays. Personne mieux que lui n’en sait comprendre, et décrire, et défendre toutes les beautés. Les paysages et les monuments, les villes et les campagnes, les pierres et les marbres, les arbres et les eaux, des plus humbles choses aux plus magnifiques, il n’est rien qui ne lui soit souverain bien. De chaque région, de chaque province française il parle sur le ton et sur le mode appropriés : de la Provence, avec une chaleur passionnée ; de la Bretagne, avec une gravité triste ; de l’Ile de France, avec une profonde, intime tendresse. Une fois, la voix de M. Hallays a fait écho à la voix magique de Pierre Loti. C’était sur la demande du magicien lui-même. Il s’agissait d’implorer de concert le salut d’un merveilleux domaine, forêt et château, de Saintonge. Et dans ce rare duo, dans la rencontre de ces deux pensées, de ces deux styles, je crois me souvenir que pas un passage ne parut inharmonieux.

Les arbres, nos arbres, sont comptés par M. André Hallays au nombre de nos trésors inviolables, ou qui devraient l’être. Il verrait presque, en un groupe d’ormeaux, une famille de créatures sacrées. Pour célébrer nos bois et pour déplorer leur ruine, pour maudire leurs ennemis, la prose de l’écrivain s’anime et fait appel à la poésie du vieux Ronsard. Et les pierres, encore une fois, celles de nos cités et de leurs murailles, celles de nos châteaux, de nos églises, ne sont pas l’objet d’un moindre amour. Malheur, trois fois malheur à ceux qui les détruisent ! Et malheur, cent fois, mille fois, à ceux qui les c restaurent ! » Ceux-là, qu’ils soient architectes, ingénieurs ou archéologues, on sait de quel ton M. Hallays les traite, de quelle colère, de quelle haine il les poursuit. Dans l’ordre