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de 18 à 19 millions comme base de prix forfaitaires avec des augmentations dépendant de toutes les augmentations résultant soit de la main-d’œuvre, soit des cours des matières premières. Or, le Duc-D’Aumale existant, qui a été construit en 1913, n’a coûté que 3 400 000 francs avec tous les suppléments et les décorations intérieures. Cette simple indication montre la dépense formidable qui va être engagée pour la réalisation du programme actuellement sur le point d’être mis à exécution et la médiocrité des, résultats qu’on est en droit d’en attendre, surtout s’il est fondé sur l’idée de construire un énorme paquebot de 45 000 tonnes. La Marine militaire, qui dispose cependant de nombreuses commissions et entretient un service de surveillance technique remarquablement bien outillé, n’arrive pas à se garantir des malfaçons, et elle paie, en toute occurrence, ses fournitures plus cher que les particuliers. Qu’adviendra-t-il au sous-secrétariat d’État de la marine marchande, qui n’a rien d’analogue comme organe de contrôle et qui doit tout improviser ? Nul ne peut ignorer que tous les marchés de l’État sont forcément majorés, par suite des difficultés dues au formalisme de l’administration ; et c’est un fait que, quelque soin qu’ils mettent à la réception des travaux, des fonctionnaires, même zélés, n’apporteront jamais à cette tâche un souci de l’exactitude aussi grand que des agents qui doivent rendre compte plus tard de leur gestion devant un Conseil d’Administration.


III. — L’ETAT CONSTRUCTEUR

L’État ne se contentera pas de commander des navires, il en construira lui-même. On projette de construire dans nos arsenaux militaires 34 bâtiments, dont 13 cargos du type Marie-Louise (4 500 tonnes), répartis entre les ports de Brest et de Lorient. On envisage aussi la construction de 15 cargos nouveaux, construction à laquelle le port de Toulon sera appelé à concourir. Enfin, il est question de mettre en chantier, toujours dans nos arsenaux, six paquebots de 16 500 tonnes, destinés aux lignes d’Indo-Chine, soit au total 71 000 tonnes de portée en lourd en cargos et 99 000 tonnes de déplacement en paquebots.

On cherche ainsi à donner du travail à nos arsenaux qui en manquent actuellement. Mieux vaudrait fermer les arsenaux