Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/366

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE ROI LOUIS XVII

VI[1]
HORS DU TEMPLE

C’est précisément à cette époque que la France commençait à comprendre la valeur du rôle que jouait dans ses destinées le frêle otage du Temple et l’importance des trafics dont il pouvait être le prix. Cette conviction, les chefs de partis se l’étaient, on l’a vu, transmise et dérobée l’un à l’autre depuis longtemps ; mais le gros de l’Assemblée, le chœur des naïfs et des simples, auxquels le seul mot de Roi inspirait une horreur aussi factice qu’aveugle, s’avisait seulement, depuis thermidor, que le pays possédait un gage dont il serait sage de profiter. Calmée et assagie par d’abondantes saignées, la Convention se révélait subitement modérée, tout en se défendant de l’être, et c’est sur la Vendée qu’elle s’essaya d’abord à la clémence. Le 12 frimaire an III, — 2 décembre 1794, — elle avait volé l’amnistie pour « tous ceux des rebelles de l’Ouest qui déposeraient leurs armes dans le délai d’un mois, » et nommé des commissaires chargés d’assurer, en Bretagne et dans le Bas-Poitou, l’exécution de ce décret.

Il n’y a guère dans notre histoire de plus émouvant épisode que la rencontre du 12 février 1795, au château de la Jaunaie, près de Nantes, entre les délégués de la Convention et Charette accompagné de ses généraux. Les représentants du peuple se sont rendus au lieu fixé pour l’entrevue, escortés par cent

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 décembre 1919, 1er janvier et 1er février 1920.