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de 0 fr. 90 l’heure et travaillait 10 heures, qui recevait en 1918 un salaire de 1 fr. 30 pour chacune de ses 10 heures de production, touche maintenant 2 fr. 50 l’heure et ne fournit que huit heures. C’est-à-dire que, en 1914, ses dix heures de travail effectif étaient payées 9 francs, tandis que, aujourd’hui, une rémunération de 20 francs est donnée à ses huit heures quotidiennes d’atelier.

En 1914, les linotypistes recevaient 1 fr. 25 de l’heure : ils touchent présentement 3 fr. 50. Dès avant la guerre, en plusieurs imprimeries, les linotypistes hommes et femmes ne travaillaient que huit heures, pour lesquelles les hommes recevaient un salaire de 10 fr. 50 et les femmes de 8 francs. Actuellement ils sont indistinctement payés 22 francs pour le même travail.

Quant aux imprimeurs proprement dits, ou conducteurs, qui sont préposés au travail délicat de la mise en train sur les presses à imprimer, et qui ont charge ensuite d’en surveiller la marche et le bon fonctionnement, leurs salaires ont suivi la même progression que ceux des compositeurs typographes ; ils sont à peu de chose près les mêmes : 2 fr. 50 de l’heure. Le personnel d’élite qui conduit des machines spéciales, plus rapides, et qui exécute les travaux à gravures ou très soignés, reçoit naturellement un salaire plus élevé. Il faut ajouter que ces salaires sont des salaires minima que l’on assure à la généralité des ouvriers. Mais pour garder un compositeur typographe sachant disposer avec goût une page ou un titre, — qualité qui devient rare et qui pourtant constitue l’essentiel du métier, — un conducteur capable de faire avec soin une bonne mise en train avec des gravures, les patrons-imprimeurs doivent consentir à verser des suppléments horaires.

Les margeurs, dont le rôle consiste à présenter correctement sur la machine en marche la feuille à imprimer, — l’onction qui tend à être remplacée de plus en plus par un appareil spécial « le margeur automatique, » — étaient payés, avant la guerre, de 0 fr. 50 à 0 fr. 70 l’heure. En 1918, ils reçurent 0 fr. 80. Et aujourd’hui c’est environ 2 francs qu’ils touchent.

En 1914, les receveurs, simples apprentis, étaient rémunérés à raison de 30 centimes l’heure. En 1918, on leur allouait