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le genre d’un manuscrit, le talent d’un auteur, sa notoriété ou son manque de notoriété, l’épaisseur du volume, il y a des échelles à établir dans le prix de vente des ouvrages d’une même collection. Il y a surtout des espèces nouvelles d’éditions à créer. Toutes les améliorations pratiques que les éditeurs réalisent dans leur commerce, toutes les commodités de dépôt, de crédit, d’approvisionnements, de livraisons, de transports, qu’ils essaient d’établir, tendent non seulement à restreindre leurs frais de fabrication et les frais des libraires-détaillants, leurs indispensables alliés, mais surtout à accroître le chiffre de leur vente en France et à l’étranger. La fabrication d’un livre n’est actuellement rémunératrice, c’est-à-dire possible, que si on peut le tirer à trois ou quatre mille exemplaires. Et, seule, une vente assurée de plusieurs volumes de même format, au chiffre minimum de vingt mille exemplaires, peut permettre à nos éditeurs la fabrication en série, qui est la plus avantageuse et donne le moyen de faire des éditions convenables et à bon marché.

Encore doit-on souhaiter qu’ils ne commettent pas l’erreur, trop fréquente, de sacrifier nu souci du bon marché la bonne tenue de leurs livres ! Les collections étrangères qui obtinrent chez nous tant de succès, ne l’ont dû qu’à leur présentation soignée et agréable. De plus en plus — à une époque où les belles réalisations de la typographie française habituent le public à manier des volumes bien construits, — le succès durable ne récompensera, dans cet ordre d’ouvrages, que les éditeurs offrant de bons livres en des collections agréables au toucher comme à la vue, et d’un prix modéré.

Pour cela, pas d’autre ressource que d’accroître la vente par une publicité intelligente et méthodique. Déjà les éditeurs font en ce sens un utile effort. Il est en outre une aide puissante à laquelle ils n’ont pas eu jusqu’ici suffisamment recours, celle de la critique. Les Associations d’écrivains viennent de la leur rappeler, en essayant de provoquer une résurrection de la critique littéraire, ainsi que, sur la proposition de la Société des Gens de Lettres et du Syndicat de la Critique, le Congrès du Livre de 1917 en a solennellement émis le vœu.

Il est indispensable qu’une critique honnêtement faite, avec goût, savoir, bonne foi, par des hommes qualifiés et désintéressés, existe dans tous les journaux. Pourquoi, par la