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expressément une mission très précise. Il était, nous l’avons vu, à Paris, sous la main de l’état-major de travailleurs de premier plan qui faisait avec Louis XIV la besogne monarchique. Il venait d’être déjà « employé » contre Port-Royal. Il venait aussi designer une « approbation » courte et éloquente, d’un livre où le sieur La Parre, ci-devant ministre à Montpellier, expliquait ses Motifs de conversion ; or ce La Parre était, du côté des Protestants, « un de ceux qui s’appliquaient le plus à proposer des ouvertures de réunion ; » en outre, dans cette même année 1666, il assistait, avec quarante-neuf docteurs et cinq évêques, à une consultation de la Faculté de théologie sur le devoir des prêtres ayant charge d’âmes de s’instruire sur des matières de controverse avec les protestants. Donnant l’exemple, il suivait les conférences instituées par l’archevêque Péréfixe. Enfin, il avait obtenu, lui-même, ou allait obtenir des conversions d’hommes instruits pour lesquels il fallait qu’il s’instruisit toujours davantage : Nicolas Stenon, un Danois, anatomiste ; le marquis de Dangeau. Tout cela augmentait sa compétence, le mettait en vue ; il n’était besoin que de lui faire signe.

Ajoutons qu’auprès des protestants comme auprès des jansénistes, on pouvait supposer qu’il serait un ambassadeur bien venu. Il avait écrit sans injures, publié sans fracas un traité de controverse (la Réfutation du catéchisme de la Réformation de Paul Ferry), qui, de l’autre côté, avait été réfuté sans violence. Il avait prêché la controverse en chaire avec dignité, et en prononçant même au sujet des « frères séparés » des paroles généreuses, paroles sincères apparemment, quoique, nous l’avons vu, elles dépassassent un peu à ce moment ses sentiments d’alors à l’égard du Protestantisme ; — mais dont, en tout cas, le tour heureux avait dû être remarqué par ses supérieurs et le classer à ses yeux parmi les « modérés » incontestables, indiqués pour une mission « diplomatique. » Mais surtout, il était de Metz. Or, c’était à Metz qu’on voulait agir.

Non point que les protestants de cette ville fussent particulièrement inquiétants, — au contraire, on l’a vu. — Mais précisément peut-être voulait-on croire qu’il y avait étiez ces braves gens si estimables, si bons travailleurs et si bons sujets, des dispositions à se soumettre. En 1665, il s’était produit à