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que non. » Au sujet des prières adressées aux Saints, « je l’ai fait souvenir qu’il avait écrit et enseigné formellement dans son Catéchisme qu’elles n’avaient pas empêché nos pères d’être sauvés, » et « il [en] est demeuré d’accord. » À l’égard de la Justification, « il est aussi convenu qu’en nous entendant bien il n’y aurait pas de difficultés pour cet article qui est néanmoins le principal et le plus essentiel de tous. » Sur le sacrifice de l’Eucharistie, « l’un des points, » reconnaissait-on, « les plus difficiles à ajuster[1], » sur ce point, « après les explications que j’ai données à M. Ferry par écrit[2] il a reconnu « qu’il n’y avait plus de difficultés. »

Et Ferry écrivait lui-même (Corr., I, 457) que cette « grande controverse » sur la vocation des prêtres à sacrifier, — vocation que les Protestants avaient refusé obstinément d’admettre, — se trouvait, par les explications de Bossuet et des Jésuites de Metz, « mise à fin. »

Pour l’adoration du Saint-Sacrement, « il a dit qu’il ne pouvait ni l’improuver ni la condamner en ceux qui croient la présence de Jésus-Christ. » Or, sur la présence, « il a accordé que cet article ne détruisait pas le fondement » et que, même, les catholiques, en leur doctrine de la Transsubstantiation, « raisonnaient plus conséquemment » que les Luthériens. L’adoration du Sacrement doit donc s’ensuivre.

Sans doute, sur tous ces points, Ferry a encore des objections de détail, « tenant à de vieux préjugés. » Mais « il entre dans le fond, » avec « un esprit doux, paisible, parfaitement bien tourné, solidement docte. » Et ce n’est pas » seulement lui qui, sur tous ces points, ne fait plus que des objections de

  1. L. de Th. Maimbourg à Ferry, 23 octobre 1666.
  2. Ces explications (Corr. I, 151-154 (8 juillet), 156-158 (15 juillet), sont très intéressantes. Le sacrifice de la Messe, selon Bossuet, n’est pas à proprement parler un réel sacrifice, une immolation expresse. C’est une sorte de succédané de la Passion. C’est une commémoration, voulue par Jésus, de son sacrifice, le renouvellement non matériel, mais moral et accepté par lui de l’acte d’obéissance à son Père et de dévouement à l’humanité, qu’il a accompli effectivement « une fois » sur un point de l’espace et à un moment de la durée. « L’intention du Christ est de se replacer comme immolé sur l’autel, » table de sacrifice, avec les signes représentatifs de sa mort. Bossuet comprend et veut faire comprendre à son interlocuteur l’importance indispensable qu’il y a à ce que le fait fondamental du Christianisme, — la Rédemption, — ne soit pas relégué, délaissé dans le passé, et ne subsiste plus qu’à titre de « souvenir ; » — à ce que, par un rite représentatif et rénovateur, ce fait dure, et que, dans cette mort et cette destruction « mystiques » de la Messe, il reste pour ainsi dire permanent et continue.