I.
ans doute il est encore trop tôt pour écrire l’histoire définitive de la guerre mondiale. C’est à peine si les documents officiels sont réunis et classés. Mais les journaux
de marche et opérations, les registres d’ordres, les états de
pertes et de consommation de munitions sont insuffisants à
rendre la physionomie de la lutte et n’en indiquent que le
schéma ; ils réclament d’abord la connaissance des documents
similaires de l’ennemi, qui nous manquent à peu près entièrement, et aussi la lumière des documents privés, correspondances particulières, mémoires, journaux tenus quotidiennement par beaucoup des acteurs de ce grand drame, qui ne se
révèlent que peu à peu. Enfin les pièces officielles sont muettes
sur les conditions morales qui ont présidé à la conception et au
développement de nos entreprises.
Pourtant c’est d’une connaissance aussi exacte que possible des dernières opérations que dépendent l’organisation de l’armée nouvelle et les principes de notre enseignement militaire. Chacun a le devoir d’apporter son témoignage sur ce qu’il a vu, senti et pensé, car il est de plus en plus urgent de sortir des incertitudes présentes ; et il est nécessaire que ce témoignage soit public, car l’opinion publique a une large part dans certaines des décisions à prendre : durée du temps de service, organisation des grandes unités, proportion des différentes armes, tactique de combat, règlements de manœuvres, armement, tout est en suspens. Nous avons sagement démobilisé,
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