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comment finit la guerre.

port, des intentions qu’on suppose à l’ennemi ; ce dispositif initial porte en germe le développement des opérations ultérieures. L’Entente cordiale, en nous rendant les forces immobilisées pour la défense des côtes, et les projets probables d’invasion allemande en Belgique, ont modifié le plan de concentration français à plusieurs reprises ; nos lois militaires et les variations de la confiance qu’inspiraient nos réserves sont également intervenues. En dernier lieu, des transports plus rapides avaient permis en 1913 d’avancer notablement notre zone de concentration : le plan 17 disposait les armées françaises face à l’Est, quatre armées entre Belfort et Montmédy, — (1re  Dubail, 2e Castelnau, 3e Ruffey, 5e Lanrezac), — et une en réserve vers Commercy (4e de Langle) :

Ce n’est pas que l’État-major français ait cru en 1913 au respect de la neutralité belge par les Allemands, ni qu’il ait ignoré le nombre des divisions de réserve susceptibles de se joindre aux 25 corps actifs du temps de paix. Mais on pensait que l’ennemi respecterait le cœur même de la Belgique, le triangle Liège-Anvers-Namur, où l’armée belge devait se concentrer à l’abri des places fortes sérieuses pour y garder une attitude expectante, après une protestation de son gouvernement ; on ne croyait pas, malgré l’avis exprimé par le général Michel, prédécesseur du général Joffre dans les fonctions de généralissime désigné, qu’Anvers serait un des premiers objectifs de l’armée allemande, car c’était alors forcer l’Angleterre à entrer dans la lutte en même temps que la Belgique. En outre, l’emploi de divisions et surtout de corps d’armée de réserve ne paraissait pas probable au début des hostilités, car ils manqueraient d’entraînement et de cohésion. Dès lors, une pareille extension du front allemand amènerait un affaiblissement général et paraissait une imprudence qu’on arrivait même à souhaiter : l’attaque violente en Lorraine sur la gauche allemande trouverait moins de résistance et son avance mettrait le gros des forces ennemies dans une situation fort difficile.

Car c’est une offensive à outrance que préconisaient à l’envi les théoriciens militaires en même temps que tous les États-majors. L’armée française s’était imposé en 1870 une défensive tactique fondée sur la puissance des feux de l’armement nouveau ; sous prétexte qu’un fusil à tir rapide et de grande portée est évidemment plus avantageux au défenseur posté