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allemandes s’accentue devant notre gauche et notre centre. À son tour, la IVe armée ennemie commence à se replier au Nord de Vitry et de Sermaize. Partout l’ennemi laisse sur place de nombreux blessés et des quantités de munitions. Partout on fait des prisonniers ; en gagnant du terrain, nos troupes constatent des traces de l’intensité de la lutte et de l’importance des moyens mis en œuvre par les Allemands pour essayer de résister à notre élan. La reprise vigoureuse de l’offensive a déterminé le succès. Tous, officiers, sous-officiers et soldats, avez répondu à mon appel… Vous avez bien mérité de la patrie. »

Le pivot Est de la manœuvre. — Le 31 août, le général Sarrail avait remplacé le général Ruffey dans le commandement de la 3e armée. L’ordre du général Joffre avait suspendu l’offensive qu’il comptait prendre le 1er septembre, et qui malheureusement n’était plus compatible avec la situation générale. Le 2, pour éviter un trop grand allongement du front, il fallait se replier pour rester en liaison avec la 4e armée qui retraitait, et le général Joffre a déterminé les troupes dont il doit renforcer la garnison de Verdun, envisageant ainsi la nécessité où se trouverait le général Sarrail de laisser la défense de cette place à ses propres forces. Le général Sarrail use résolument de la latitude qui lui est laissée et s’accroche à Verdun, allongeant sa gauche pour rester en liaison avec l’armée de Langle et faisant en même temps face au Nord pour défendre la place, et face à l’Est pour menacer de flanc l’armée du kronprinz qui marche vers le Sud. Il reçoit le 4 la directive suivante : « La 3e armée, dont la mission est d’opérer à la droite du groupement principal de nos armées, 4e, 9e et 5e se repliera lentement, en se maintenant, si possible, sur le flanc de l’ennemi et dans une formation lui permettant à tout instant de passer facilement à l’offensive, face au Nord-Ouest. »

Les prélèvements forcés sur la droite française ont réduit la 3e armée à deux corps actifs et un groupe de divisions de réserve. Le 6 septembre, l’un de ces corps attaque vers le Nord et l’autre vers l’Ouest, avec une division de cavalerie pour relier les deux attaques. Mais c’est le moment que le kronprinz a choisi pour couper la 3e armée de la 4e et encercler Verdun. Il enlève Revigny, et déjà sa cavalerie tente le passage de cette brèche qui doit l’amener sur les arrières de nos 1re et 2e armées,