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Mais la beauté des soirs me séduit plus encor.
Quand l’airelle tremble à la brise,
Et que, géante et noire avec un ourlet d’or,
La montagne se solennise.

Le paysage est comme un visage éternel
Qui se recueille et prie ;
Et l’âme, libre enfin du mirage charnel,
Revoit l’invisible patrie.

Puis, quand règne la nuit et qu’à travers les bois
La ténébreuse horreur des vieux temps se déroule,
Le couvent apparaît ce qu’il fut autrefois :

L’asile chaud d’encens qui protège une foule,
Mais aussi, déroulant ses abruptes parois,
La forteresse altière où Dieu dicte les lois.


LA CITÉ PASTORALE


O cité pastorale où des eaux bondissantes
Lavent de vieux remparts dans un jeune cristal,
Qu’il est divin, ton charme, aux âmes languissantes.
Que blesse un siècle trop brutal !

Puisque tu n’es pour moi qu’un éphémère asile,
Je veux que mon esprit te garde en son miroir.
Et conserve tes traits, mère de sainte Odile,
Quand je ne pourrai plus te voir.

Aussi, c’est lentement que ma ferveur t’embrasse,
Que je recherche en toi, plus puissant que l’oubli.
Le Passé merveilleux qui couronne ta grâce.
Comme un diadème pâli.

Ton beffroi rouge et blanc, galerie à dentelle,
M’invite à célébrer son faste aérien.
Et je recueille en moi la musique éternelle
De son ange musicien.