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su vous le refuser, l’exécution des conditions qu’on entend faire prévaloir. Plus heureuse ou plus avisée que nous, l’Italie a obtenu des autres et de nous cette garantie que nous n’avons demandée ni aux autres ni à elle. Car nos engagements de Londres, en ce qui concerne ses acquisitions territoriales, ont été sans aucune contrepartie du même ordre de sa part. Plus le règlement final des comptes lui a prouvé que la réalisation pratique de son programme rencontrait d’obstacles, du fait des États-Unis, des Yougo-Slaves, de la Grèce, sans parler des ennemis, plus l’engagement souscrit par nous s’est, en définitive, avéré lourd, plus l’Italie aurait mauvaise grâce aujourd’hui à en contester la valeur et à chicaner sur la fidélité avec laquelle il a été tenu.


IV. — LA DÉCLARATION DE LONDRES

Le même jour que la Convention du 26 avril 1915, fut signé à Londres un acte qu’il ne faut pas confondre avec elle, malgré la similitude de date et de lieu C’est la déclaration de Londres, simple extension à l’Italie du pacte antérieurement conclu à Londres aussi, le 5 septembre 1914, par la France, l’Angleterre et la Russie. Les contractants, portés à quatre par l’adhésion de l’Italie, se sont engagés mutuellement à ne pas conclure de paix séparée et ont convenu qu’aucun d’eux ne pourrait poser des conditions à l’ennemi sans accord préalable avec les trois autres.

Cette déclaration n’a fait, en somme, que codifier deux principes de loyauté et d’honneur, auxquels ont seuls pu manquer, au cours de la guerre, les Bolchévistes, Lénine, Trotsky et consorts. Il n’en importe pas moins de rechercher l’avantage pour nous et pour l’Italie, de ces deux principes fondamentaux.

On est tenté d’abord de n’apercevoir que le nôtre. Un allié nouveau venait à nous, qui aurait pu, en définitive, n’y pas venir ; dont l’opinion publique et surtout parlementaire avait été à tout le moins fortement divisée sur le principe même de la guerre ; chez lequel un parti puissant, remuant, ouvertement opposé à l’intervention, continuait a la désapprouver, d’accord en cela avec les tenants des groupes d’extrême gauche et de droite cléricale. Cet allié se liait lui-même envers nous par l’engagement formel de ne pas conclure de paix