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Il y aurait matière à reproche si, pour soutenir la lutte contre tous nos ennemis, l’Italie n’avait pas fait appel à toutes ses ressources. Or elle a mobilisé, au cours de la guerre, environ 4 250 000 hommes. C’est un chiffre qui compte et qui, étant donné celui de sa population, environ 35 millions d’habitants, apparaît en rapport avec sa capacité militaire. La capacité militaire d’un peuple est d’ailleurs fonction d’une quantité de facteurs, autres que le total de sa population ; de sa faculté d’armement, donc de son outillage industriel et de son approvisionnement en matières premières ; de sa faculté d’encadrement, donc de ses traditions, de son développement militaire préalable ; de sa faculté financière, etc. ; tous rapports sous lesquels l’Italie n’était pas relativement bien partagée.

On ne cherchera pas si un emploi plus judicieux ou plus actif de ses électifs mobilisés lui eût permis d’en tirer un rendement supérieur, sur son propre front et, par suite, sur d’autres. C’est là une matière infiniment délicate. Chaque haut commandement, surtout avant l’établissement tardif du commandement unique, a été juge de ce qu’exigeaient la sécurité de son front et les besoins de ses opérations, de ce qu’il pouvait ou ne pouvait pas demander à ses troupes, et il l’est toujours resté dans une plus ou moins large mesure. Chaque allié est venu à nous avec ses aptitudes, son caractère, ses qualités et ses défauts ; il faut prendre chacun tel qu’il était et pour ce qu’il était et, s’il nous a été d’un appréciable secours, nous estimer heureux.

Il est toutefois une circonstance où l’Italie se trouve, comme gouvernement, incontestablement en défaut : c’est la date de la déclaration de guerre à l’Allemagne, quinze mois exactement après la conclusion de la Convention de Londres. Le reproche en a été fait parfois, en Italie même, au gouvernement de 1915 et, la dernière fois qu’il lui a été adressé, en des termes particulièrement violents, il est venu du côté d’où on l’aurait le moins attendu, du côté neutraliste. Voici ce qu’écrivait la Stampa à la date du 25 mai dernier :


Par l’article 2 de la Convention de Londres, l’Italie s’obligeait à conduire la guerre avec tous les moyens dont elle disposait, d’accord avec la France, la Grande-Bretagne et la Russie, contre les États qui étaient en guerre avec ces dernières. L’obliquité politique d’Antoine