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comment finit la guerre.

front renseignent sur l’effectif des troupes allemandes, sur leur état moral et physique, sur la marche des relèves et des ravitaillements, qui fournissent des objectifs aux tirs de harcèlement exécutés pendant la nuit. La tranchée à attaquer est encagée par des tirs de 75 qui se fixent derrière elle et empêchent les défenseurs de fuir ; en même temps, elle est pilonnée par l’artillerie lourde qui tue ou enterre ses défenseurs : avant l’attaque, il arrive souvent que des groupes entiers viennent se rendre en déclarant la position intenable. La progression des attaques est précédée à 70 ou 80 mètres d’un tir d’artillerie de campagne qui se déplace devant elle à son allure : c’est le barrage roulant qui fait son apparition dès la fin de juin. Les Français obtiennent ainsi un maximum de résultat avec un minimum de pertes. Pendant les mois de juillet et d’août ils font 3 500 prisonniers et leur avance est continue. Le village de Fleury, repris et reperdu au commencement d’août, reste aux Français à partir du 17 août, reconquis par le régiment colonial du Maroc. Toute la crête Fleury-Thiaumont est française et les abords de Souville sont bien dégagés vers le Nord-Est.

Mais l’ennemi attaque maintenant Souville par l’Est, en partant du fort de Vaux. Il gagne environ 1 200 mètres et sa pression est gênante. Alors l’unité de commandement se fait entre la Meuse et la Woëvre, et elle produit tous ses résultats : au début de septembre, l’ennemi est rejeté des positions qu’il venait de prendre et confiné aux abords du fort de Vaux, de l’autre côté d’une crête dont la contre-pente donne une bonne position à la défense de Souville.

Devant Souville et la ligne des forts, une barrière solide avait été reconstituée, comprenant plusieurs positions bien organisées, la bataille s’était assoupie sur la rive droite et les Français avaient repris l’offensive de la Meuse à la Woëvre, puis la supériorité sur leurs ennemis. Le 13 septembre, le Président de la République était venu apporter à la Ville martyre la croix de la Légion d’honneur et les décorations que les souverains des pays alliés lui avaient conférées ; dans les casemates de la citadelle, pendant une cérémonie d’une émouvante simplicité, il avait prononcé un éloquent discours qui consacrait la Victoire. Mais il fallait garder tout son prestige à ce mot qu’on osait enfin prononcer. Les événements avaient prouvé que toute attaque bien préparée commence toujours par réus-