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Quant à la flore microbienne, son rôle, longtemps obscur, se révèle de plus en plus important. « Dans un gramme de terre, dit M. Delprat, ingénieur agronome, pullulent de cent mille à cinq millions de bactéries. Leur nombre, considérable jusqu’à trente centimètres d’épaisseur, diminue graduellement pour disparaître presque totalement à une profondeur moyenne de trois mètres. Leurs actions actuellement connues sont la décomposition de la matière organique azotée, l’oxydation ou nitrification de l’ammoniaque et de ses sels, la dénitrification de la cellulose ou la fixation de l’azote libre de l’air. Chaque espèce de bactéries est spécialisée dans chacune de ces élaborations chimiques. » Ces micro-organismes ont pu trouver un milieu d’élection dans le sol de l’Égypte. N’est-ce pas là que, pour la première fois, on a pu constater le processus de la nitrification ?

Il faudrait bien se garder de croire que la constitution physique et chimique de l’Égypte se présente partout de la même manière. N’oublions pas que la plaine d’alluvions dans sa plus grande longueur, du cap Bourlos à l’île de Philœ, en observant le sens du méridien, est de 788 kilomètres. Elle dépasse 1 200 kilomètres en suivant les contours du fleuve. On y distingue trois parties essentielles : la Haute et la Moyenne Égypte, qui se prolonge jusqu’au Caire, et le Delta se subdivisant lui-même en deux parties : les terres d’ancienne culture, et toute cette région limitrophe de la mer, tout récemment ouverte à l’exploitation.

Dans la Haute-Égypte, outre le blé on récolte principalement la canne à sucre. La société des sucreries d’Égypte, qui a donné un essor magnifique à ce genre d’assolement, nous est bien connue, puisqu’elle est de fondation française. Elle est encore administrée en majorité par nos compatriotes. D’immenses domaines, entièrement plantés de canne à sucre, ont été créés notamment aux environs d’Assouan. Toute cette zone offre un cachet très spécial. L’étroite bande de terre cultivable ne dépasse guère quelques kilomètres. La plupart du temps même, le cours du fleuve côtoie des roches à pic sur le désert et ne laisse place pour la culture que sur l’une de ses berges. Cette partie de l’Égypte est la plus chargée d’histoire. On aperçoit à gauche et à droite les chaînes Libyque et Arabique dont les cirques successifs se déroulent ainsi qu’un panorama de rêve,