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désavouées, que des avances à faire par la trésorerie française et à rembourser par l’Allemagne.

Pour bien marquer qu’elle ne voulait rien abandonner de notre créance, la Chambre a insisté sur cette distinction et, toutes les ressources qu’elle a créées, elle les a employées à payer, soit les intérêts de la dette, soit les dépenses permanentes des services publics. Même sans incorporer dans le budget ordinaire une somme de plus de six milliards six cent millions, qui représente certains frais de liquidation de la guerre, ni une somme de près d’un milliard prévue pour la reconstruction de notre outillage national, ni les déficits que traînent avec eux, depuis plusieurs années, quelques comptes spéciaux, tels que celui du blé, la Commission des finances a été obligée de puiser largement à presque toutes les sources d’impôts. Pour des raisons que le rapporteur général a mises en pleine lumière, elle n’avait pas voulu frapper directement le capital à une heure où les valeurs dirigeantes des biens meubles et immeubles auraient rendu incertaine, instable et arbitraire l’assiette de cette contribution exceptionnelle. Des points les plus divers de l’horizon politique, sont cependant venues des propositions variées d’impôts sur la fortune, dont le ministre a signalé les inconvénients et qui, pour le moment tout au moins, sont peut-être grosses de désillusions. C’est une discussion qui sera reprise et que personne n’a intérêt à écarter. En attendant, les valeurs capitalisées ont été surtaxées à la faveur d’une fiscalité ingénieuse qui les atteint dans les mutations à titre onéreux et à titre gratuit, dans les mutations entre vifs et par décès; et elles ont été surtaxées également dans leurs revenus, tant par l’impôt général que par l’impôt cédulaire. Apres avoir réclamé ces sacrifices nouveaux à toutes les formes de la richesse, la commission a dû se résigner à augmenter aussi tous les impôts qui pèsent sur la consommation : alcool, sucre, café, thé, cacao, chocolat, chicorée, glucoses, vins, cidres, bières, bougies, pétroles, benzols, électricité, elle n’a rien épargné. Elle a couronné son gigantesque édifice par l’établissement d’une taxe sur le chiffre d’affaires qui doit, d’après ses calculs, rapporter près de cinq milliards. Quel que doive être, après le vote des deux Chambres, le sort définitif de telles ou telles de ces propositions, il y a, dans l’ensemble de ce programme, un effort très sincère et liés louable de reconstitution financière et le spectacle d’un pays qui, après avoir enduré les pires souffrances, se remet aussi courageusement à la besogne, ne peut qu’influencer favorablement nos alliés et nos amis.