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Les plans d’opérations furent établis aux divers échelons du commandement selon la méthode normale ; le général en chef Nivelle donnait des directions et indiquait la forme de l’attaque ; le commandant du groupe d’armées, Micheler, fixait des objectifs, les commandants des armées, Mazel et Mangin, répartissaient la tâche entre leurs corps d’armée, et les indications qui leur étaient données étaient strictement limitées au rôle de leurs armées dans la bataille. Il ne saurait en être autrement, et seul le général en chef est en mesure de concevoir et de rédiger le plan d’une offensive à grande envergure qui suppose une connaissance complète de la situation générale, de la coopération possible des armées alliées, des forces et des ressources des armées nationales et des armées ennemies, des instructions données par les divers comités de guerre, enfin des intentions du gouvernement.

Le général Nivelle avait décidé une attaque violente, visant du premier coup la conquête des positions ennemies et de toute la zone occupée par son artillerie, et cette conception était conforme à l’instruction du 16 décembre signée par son prédécesseur ; exécutée par deux fois sous ses ordres à Verdun, une pareille opération apparaissait comme parfaitement réalisable et aucune objection ne lui fut opposée par personne. Il voyait ensuite une exploitation rapide, succédant immédiatement à la rupture : la brèche ouverte est aussitôt élargie aux deux ailes et l’armée de manœuvre entre en ligne : « Le développement ultérieur des opérations ayant pour but de porter aussi rapidement que possible le gros des forces vers le Nord : axe général Craonne-Guise. »

En transmettant ces directives, le général Micheler ajoutait que l’ensemble des opérations pouvait, à son avis, être réalisé soit le jour de l’attaque, soit « au plus tard » dans la matinée du lendemain, et indiquait comme objectif à atteindre une ligne passant au delà des collines qui dominent la rive nord de l’Ailette, atteignant la plaine de Laon au Nord et poussant vers l’Est au delà du fort de Brimont.

Les premiers projets d’opérations donnèrent lieu à des observations et à des échanges de vues, ainsi qu’il arrive toujours en pareil cas. Les seules réserves furent faites par le général Mangin,