Le lendemain, la cour du Rabbin Miraculeux était remplie de chars à bancs, de carrioles et de cinq ou six landaus, que chaque année, à pareil jour, le grand seigneur de la contrée, le comte Zavorsky, mettait aimablement à la disposition du Zadik. Au milieu de ces véhicules aux attelages hétéroclites, s’agitaient tous les Juifs de la Communauté, portant tous à la main un arc fait d’une ficelle et d’un demi-cercle de barrique, et quelques flèches de bouleau. Que faisaient-ils avec ces arcs, ces guerriers de Juda, vêtus de leurs plus beaux caftans ? Ainsi armés, allaient-ils partir en guerre contre les massacreurs d’Elizabethgrad ? Etaient-ce de nouveaux Macchabées ? Et leurs femmes, en toilettes de velours, qui déjà s’empilaient avec les enfants dans les charrettes, les accompagnaient-elles dans leur expédition belliqueuse ?…
Le Zadik apparut sur son perron, — pauvre guerrier bien débile, — tenant lui aussi à la main son cercle de barrique et