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ont amené, il y a maintenant dix-neuf ans déjà, l’auteur de ces lignes à exposer devant l’Académie des sciences que le soleil devait nécessairement émettre avec abondance, outre son rayonnement calorifique et lumineux, des ondes hertziennes intenses.

Cela résulte a priori de la nature même de ces ondes. Si les radiations ondulatoires lumineuses agissent sur notre rétine à l’encontre des autres, cela n’est dû qu’à « une sorte de hasard physiologique, » suivant l’expression de Henri Poincaré qui a dit aussi quelque part : « Pour le physicien, l’infra-rouge ne diffère pas plus du rouge que le rouge du vert, la longueur d’onde est seulement plus grande : celle des radiations hertziennes est beaucoup plus grande encore, mais il n’y a là que des différences de degrés. »

Si, donc, il n’y a pas de base philosophique pour une distinction physique entre un rayonnement lumineux et un rayonnement hertzien émanés du soleil, on peut a priori considérer comme une hypothèse extrêmement vraisemblable que la photosphère solaire émet des ondes hertziennes.

Mais il est d’autres considérations, toutes différentes, non plus empruntées aux analogies théoriques ou expérimentales de la Physique, mais tirées de l’examen même des faits, — ces maîtres despotiques de l’idée, — et qui, irrésistiblement, conduisent à penser que le soleil est un gigantesque radiateur d’ondes électriques et que celles-ci doivent s’y produire dans des circonstances identiques à celles où nous les voyons s’engendrer dans nos laboratoires et notre atmosphère… l’échelle seule des phénomènes étant là-bas infiniment plus grandiose.

L’atmosphère qui entoure la croûte terrestre est électrisée fortement et de telle sorte que la Terre est, par rapport à l’air, négativement chargée. Ce « champ électrique » de notre atmosphère est très intense puisqu’il y a une différence de potentiel qui dépasse en moyenne 100 volts par mètre d’altitude. Des décharges électriques très fortes se produisent dans l’air chaque fois que des perturbations mécaniques violentes (cyclones, dépressions orageuses brusques, éruptions volcaniques) rompent l’équilibre des couches de niveau. Ces décharges tendent naturellement, — tous ceux qui ont le moindre rudiment de connaissances électriques me comprendront, — à rétablir cet équilibre rompu, à égaliser les potentiels. Ces décharges, nous venons de le voir, produisent des ondes hertziennes intenses.

Or les photographies du soleil, celles notamment dont une si belle série a été réalisée à l’observatoire de Meudon, montrent que la