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l’effet d’amener le duc et la duchesse du Maine à venir entendre, en l’église du village et le dimanche 5 août 1703, la première messe chantée que célébrerait le cadet des Malézieu.

« Malézieu, écrit Jal, qui a étudié l’origine et la généalogie du futur évêque et de l’intendant, ne devait pas moins au duc du Maine que Philémon a Jupiter. » Il fallait donc que la gratitude autant que le respect, tout en faisant place à l’enjouement, s’exprimassent le mieux du monde dans toutes les circonstances d’un jour que le précepteur du duc du Maine souhaitait tout entier consacré à son élève. Dans cette intention, il n’y a rien que le Curé, aidé de Pégase qui était l’abbé Genest, ne prodiguât à profusion, tant par le spectacle que par le bal et la collation, pour rendre accueillante à ses hôtes cette aimable maison que Louis-Auguste et Louise-Bénédicte de Bourbon avaient fait élever à Châtenay pour leur vieil ami.

L’abbé Genest, celui qui seconda et aima toujours Malézieu, a écrit, de la vue de cette habitation, qu’elle était charmante. « Tout ce qui est aux environs ne semble fait que pour elle. On dirait que Sceaux et Berny n’ont été faits que pour lui rendre hommage de leurs parterres, de leurs jardins et de leurs superbes bâtiments. » Cette remarque de l’abbé Genest était si justifiée que, dès que MM. de Malézieu eurent disposé leur maison de Châtenay à l’effet de recevoir leurs hôtes, ce ne fut plus, dans tout le canton, qu’allées et venues de carrosses, bruits de grelots et claquements de fouets des cochers et des postillons amenant les visiteurs par les routes poudreuses.

Il va de soi que Descôteaux était au nombre des exécutants du concert religieux et qu’il eut avec ses camarades, MM. Buterne, Forcroy, les sieurs Desjardins, le Peintre père et fils, tous de la musique du Roi, l’honneur et le plaisir d’assister à l’entrée, — dans l’église de Châtenay, — non seulement du duc et de la duchesse de Nevers, mais encore de Mme de la Ferté et d’Artagnan, des duchesses de Bohan et de Lauzun, des marquises d’Antin et de Brouzolles, de Mme de Barbezieux, de la comtesse de Chambonas, de Mme et Mlle de Croissy, M. et Mme de Lassay, du président deMesmes.et, — dans un grand mouvement de velours et de soie, dans le fracas des épées, l’agitation des drageoirs et des éventails, — de toutes les personnes, écrit Donneau de Vizé, « distinguées par leur naissance et par leur mérite, » qui avaient tenu à se montrer en ce grand jour.