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O fleurs comme on en voit aux noces villageoises,
Mélangez vos parfums aux tonnerres des cris !
Brouillez vos trois couleurs sur ces faces narquoises,
Rubans comme à l’épaule en portent les conscrits !

Enlacez-vous aux doigts qui brisèrent nos chaînes,
Rameaux verts, rameaux purs, cueillis sur les hauteurs !
Déposez, frondaisons des chênes,
Le salut frémissant des campagnes prochaines
Aux pieds de nos libérateurs !

Par dessus ces brouillards qu’un fin soleil colore,
Par dessus les clochers, les ponts, les tours, les toits,
Provinces, regardez le dernier flot sonore
Rouler ses chars d’assaut entre les murs étroits !

Soulevez-vous au bord du ciel pour mieux entendre,
Hameaux couchés là-bas dans un linceul de cendre !
Montagnes, exhaussez vos contreforts géants !
Tremblez, volcans éteints, dans vos vieilles jointures !
Brises de nos deux mers, chantez dans les mâtures !
Fleuves, étincelez avec vos affluents !

Grand beau corps étendu de Givet à Bayonne,
De la pointe du Raz aux collines du Rhin,
Terre des chevaliers et des martyrs, rayonne !
Comme tes vins nouveaux ton avenir bouillonne,
Penche-toi sur la cuve avec un front serein !


FRANCOIS PORCHE.