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entre les mains. « Les masses prolétariennes ont actuellement le pouvoir. Ce pouvoir, il faut que les intellectuels les aident à l’organiser. Le salut de l’Humanité est dans la synthèse du pouvoir et de l’intelligence. Or cette synthèse, seule l’Allemagne peut l’opérer. L’idéal de Lénine est impraticable et celui de Wilson périmé. La solution n’est ni à Paris, ni à Moscou. Elle ne se trouve qu’à Berlin. » Est-ce clair ?

Au cours de la discussion des conditions de paix, la campagne entreprise par le socialisme majoritaire et par les journaux démocrates a été fort significative à cet égard :


Le capitalisme vainqueur, disait le Vorwaërts, veut étouffer le socialisme. Il a célébré à Versailles ses orgies et s’est posé en face du flot rouge pour l’endiguer. Or, l’Allemagne est la mère-patrie du socialisme. C’est pourquoi l’Entente lui met le couteau sur la gorge en lui imposant d’inacceptables conditions. La paix de Versailles, c’est la fin de toute politique sociale, de toute socialisation. Comment l’Entente ferait-elle aux travailleurs de sérieuses concessions ? Seule, l’Allemagne nouvelle a l’intention ferme de donner à la question sociale, dans le monde, une solution définitive… Seule, elle veut un règlement international du travail. Elle ne peine pas seulement pour la paix des peuples et le désarmement, mais encore pour la paix sociale. Elle entend mettre fin, non seulement aux batailles, mais encore aux hécatombes dont les conditions actuelles du travail sont la cause. Son idéal, c’est la Société des Nations complétée par la protection internationale des travailleurs. C’est elle qui est à la tête de l’Internationale ouvrière et qui représente dans le monde les idées nouvelles. Parler toujours de l’ancienne Allemagne et du despotisme féodal, c’est bien. Mais il faut voir l’Allemagne nouvelle, cette Allemagne républicaine et socialiste vers laquelle le prolétariat universel tourne les yeux. Or le traité de paix ébranle l’édifice entier de sa législation sociale. Tout ce qu’elle a, depuis si longtemps et avec tant de sagesse, réalisé pour la protection des faibles, est mis en cause. C’est parce que l’Allemagne devient le grand foyer du socialisme international qu’on veut la morceler et l’anéantir. Le monde devrait voir que la République allemande ne lutte pas pour des avantages extérieurs, mais pour un nouveau principe mondial, pour ce principe que le droit ne sortira jamais de la violence. Comment bannirait-on l’Allemagne de la Société des Nations ? N’est-elle pas la créatrice de toute vraie politique sociale ? Ses organisations n’ont-elles pas servi de modèle au monde entier ?


Après les socialistes majoritaires, les démocrates. L’idéal