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Concordat germanique en vertu duquel les nominations épiscopales appartenaient à Rome et aux chanoines : le Chapitre élisait, le Pape confirmait. Depuis cent ans, le Saint-Siège s’opposait à l’extension « du Concordat français, à Metz, Toul et Verdun : depuis cent ans, nul évêque de Metz n’avait eu ses bulles, pas même Mazarin !

Après la Fronde, Louis XIV reprit les négociations avec une insistance où un séjour à Metz (en août-septembre 1663) et le spectacle du désordre du diocèse ne purent que le confirmer. Mais ce ne fut qu’en 1668 qu’il obtint de Clément IX, pour lui et ses successeurs, la nomination aux sièges épiscopaux et à tous les bénéfices des Trois Evêchés. Sans tarder, Louis XIV exerce son droit nouveau et accorde le siège de Metz à Georges d’Aubusson de la Feuillade, un de ses bons serviteurs, et, d’ailleurs, prélat excellent. De cet évêque de choix, Metz catholique ne pouvait qu’être fière. Mais quand la monarchie gallicane faisait sur « Rome » des conquêtes de ce genre, la joie royale et parlementaire s’étalait dans le style administratif avec une brutalité altière, assez maladroite. Qu’on en juge par le brevet dénomination de La Feuillade :


« Le Roy… mettant en considération la doctrine et piété [de M. l’archevêque d’Embrun]… et les importants et agréables services qu’il lui a rendus en qualité de son ambassadeur extraordinaire tant auprès de la République de Venise que du Roy catholique, et autres emplois dont il s’est dignement acquitté pour le bien et avantage de l’État, et voulant les reconnaître et le gratifier de plus en plus, Sa Majesté lui a accordé et fait don de l’évêché de Metz, vacant tant par la démission pure et simple de messire Henry de Bourbon, duc de Verneuil, que par tout autre genre de vacance, et ce, en conséquence de la cession et renonciation faite entre les mains de Sa Majesté par Monsieur Guillaume Egon, landgrave de Furstemberg, prince du Saint Empire, nommé et postulé au dit évêché… Et afin que ledit sieur d’Aubusson de la Feuillade conserve la dénomination, le rang et les honneurs d’archevêque, nonobstant la résignation qu’il fait de l’archevêché d’Embrun, Sa Majesté entend qu’il en soit fait instance en son nom envers Sa Sainteté, pour obtenir la rétention de la dénomination, du rang et des honneurs d’archevêque, dans les bulles de translation dudit sieur d’Aubusson de la Feuillade de l’église d’Embrun en celle de Metz. M’ayant Sa Majesté commandé d’expédier, sur ce, toutes lettres et dépêches nécessaires en cour de Rome, et cependant, pour témoignage de sa volonté, le présent brevet,