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Il était un peu plus de 14 heures quand arrivèrent là des renseignements inquiétants sur la situation de la division Fayolle à notre extrême gauche au Nord de la Scarpe.

Cette division, qui avait dû se mettre en marche très en retard de la région Est de Lens vers le Sud dans la matinée, avait trouvé vers 9 heures Gavrelle, — où elle devait se rassembler, — fortement occupé par l’ennemi ! Elle avait dû arrêter sa tête de colonne à Oppy sans avoir pu atteindre la Scarpe, c’est-à-dire sans avoir pu se mettre en liaison vers Fampoux avec la division Barbot, et, pour comble de malheur, elle venait enfin d’Être violemment attaquée dans son flanc gauche par tout un corps d’armée bavarois débouchant de Douai…

Le général Fayolle avait fait face à gauche et s’était déployé en arc de cercle sur le front Rouvroy-Bois-Bernard Croupe ouest d’Izel-les-Equerchin-Neuvireuil-Oppy-Bailleul-sire-Berthoult. Il s’agissait donc au plus vite de le soutenir et de boucher le trou qui subsistait entre la division Fayolle et la division Barbot dans « le couloir de la Scarpe. »

Ce fut à la cavalerie que s’adressa immédiatement le général de Maud’huy, et à 14 heures 40 puis à 15 heures, il envoya au général Conneau successivement deux officiers pour lui demander de faire passer immédiatement le gros de son corps de cavalerie au Nord de la Scarpe (en ne laissant qu’une division au Sud) afin de porter tout l’appui possible à la division Fayolle, en attaquant les Allemands à gauche, dans la direction d’Hénin-Liétard, et à droite sur Gavrelle.

Et l’on attendit…

L’oreille tendue vers les rives du Cojeul, nous cherchions à percevoir l’engagement de l’artillerie et de l’infanterie du 10e corps… A chaque auto venant de Mercatel ou du passage à niveau de la route de Bucquoy, le général de Maud’huy, de plus en plus anxieux, se levait, regardait, interrogeait.

Rien… rien que les fumées à l’horizon et le bruit de la bataille de plus en plus violent à l’Est d’Arras, là où deux corps d’armée ennemis s’acharnaient sur les deux braves divisions du corps provisoire…

Enfin, las d’attendre en vain, sentant toute la gravité de l’heure et l’urgence de l’exécution des ordres donnés, le général de Maud’huy à 16 heures 30 rédigea une lettre qu’il me demanda d’aller porter immédiatement au général Desforges commandant