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dans les meilleures conditions possibles, résolu. Et l’on ne saurait trop vivement remercier nos hôtes belges pour leur exquise courtoisie, l’empressement et la bonne grâce de leur accueil. Ils n’ont rien négligé de ce qui était en leur pouvoir pour rendre notre séjour chez eux plus agréable et notre tâche plus facile.

Faire tenir dans la ville proprement dite toutes les délégations, il n’y fallait pas songer. A défaut de l’ordre concentré, les Belges ont eu recours à ce qu’on pourrait appeler l’ordre dispersé, qui, d’ailleurs, offrait à d’autres égards de très gros avantages. Il y a, éparpillées sur les collines voisines, de belles, de luxueuses villas, où ont été logés les chefs des principales délégations, française, italienne, japonaise. La plus belle, la plus connue d’entre elles, le Neubois, qui, durant la dernière année de la guerre, fut la résidence personnelle du Kaiser, abrite M. Millerand et ses collaborateurs, MM. François-Marsal, Le Troquer, le maréchal Foch. M. Lloyd George, lui, est resté avec sa délégation dans le meilleur hôtel où se trouvait l’Etat-major de Ludendorff.

Quant aux Allemands, pour la première fois qu’ils étaient en contact avec les Alliés, il y avait grand intérêt à réduire ce contact au strict nécessaire. On les a, fort judicieusement, placés un peu à l’écart, tout en haut de la colline qui domine à pic la ville et qui porte le gracieux nom d’Annette et Lubin. L’endroit fixé pour les réunions, le lieu géométrique de la Conférence, si l’on peut dire, est la villa La Fraineuse, à trois kilomètres de Spa, sur les hauteurs, près de la résidence de M. Millerand.

Les choses arrangées de la sorte, hommes d’Etat et diplomates peuvent se voir quand ils veulent, mais seulement lorsqu’ils le veulent.

La première conférence est fixée au lundi à juillet, à onze heures. Un peu avant, nous partons en automobile pour La Fraineuse. Une belle route bordée d’arbres magnifiques remonte l’étroite vallée ; on la quitte pour pénétrer par un large portail dans un très beau parc ; par des allées en lacets, on accède à la villa, une jolie maison de style XVIIIe siècle, aux lignes simples et harmonieuses, une réminiscence de Trianon. Il y a là réunies une centaine de personnes, experts, journalistes ; en demi-cercle deux rangs serrés de photographes et cinématographes braquent,