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grand, quel sûr ami de notre pays ! L’Entente franco-britannique n’a pas de défenseur plus fervent, plus attentif à tous les périls qui la menacent, toujours prêt à éventer les pièges, à dénoncer les embûches où elle pourrait tomber.

Pour tous ces journalistes, deux sources d’informations : les nouvelles officielles des communiqués qui sont une pâture commune, une sorte de table d’hôte ; puis les renseignements personnels que chacun peut se procurer d’après ses relations, son activité, son habileté, son flair.

Après chacune des séances, on publie un communiqué. Le public qui a lu ces Communiqués a dit être frappé de leur clarté, de leur précision. Ce sont les qualités d’esprit essentielles de M. Philippe Berthelot, qui les a rédigés.

Dans chaque délégation, un personnage officiel ou officieux recevait les journalistes et leur donnait des renseignements. Ces renseignements, à peine ai-je besoin de le dire, étaient presque toujours très copieux. L’âge de la diplomatie secrète et des conciliabules mystérieux est bien passé. À l’heure actuelle, tout se sait et tout se sait très vite. S’il prenait par hasard à l’Anglais l’envie d’être réservé, c’est le Français ou l’Italien qui délieraient leur langue.

Pour les journalistes français, c’est M. Laroche, directeur adjoint au quai d’Orsay, qui avait charge de les renseigner. Il s’acquittait de cette tâche avec beaucoup d’activité et d’intelligence, avec un empressement et une bonne grâce dont nous ne pouvons que lui être reconnaissants.

Pour les Anglais c’est lord Riddel ; une esquisse même sommaire de la Conférence serait par trop incomplète si l’on ne donnait à celui-ci un petit coup de pinceau. Lord Riddel est le type de l’Anglais jovial et même, disons le mot, rigolo : for he is a jolly good fellow. Pair de date récente, il est l’intime ami de M. Lloyd George. C’est un self made man, un solicitor (avoué et notaire) comme lui. Possesseur d’une assez petite étude, m’a-t-on raconté, il se trouva un jour, au hasard d’une succession, le maître d’une feuille hebdomadaire qui avait déjà ruiné quelques-uns de ses propriétaires. Il eut l’idée géniale de publier in extenso le compte rendu des procès en divorce, choisissant, comme on pense, les plus affriolants. Rien n’est plus piquant que ces comptes rendus dont la loi britannique, au rebours de la nôtre, autorise la divulgation. Rien ne jette un jour plus vif,